Un message, un unique message qu’il avait désespérément attendu depuis leurs rencontre. Il en avait enfin reçu un, ça lui faisait plaisir, ou pas, il ne savait pas trop si il devait être heureux ou triste. Il n’avait plus gout à la vie, depuis. Sa peur l’avait fait craqué, l’avait fait parlé, et il était encore vivant, seulement physiquement. Et c’était en voyant ce seul message qu’il se sentait beaucoup mieux, que sa boule au ventre avait disparu, parce que la princesse avait décidé de lui parler, de la rejoindre. Évidemment, il ira, évidemment, il se dépêchera pour y aller, évidemment, il lui trouvera sûrement un  petit cadeau sur le chemin. Pourquoi ? Pour rien, juste pour faire plaisir.

Il attrapa son écharpe rouge, et sa veste bleue avant d’enfiler ses bottines —c’est très viril, je vous l’assure— et de quitter son immense maison. Il avançait doucement mais sûrement vers le lieu de rendez-vous, il regardait un peu sur le chemin les boutiques qu’il pourrait y avoir. Une  l’attira, passant par là pour acheter un petit quelque chose. Puis il se dépêcha. Plus vite, plus vite, il ne faut pas faire attendre la princesse, c’est impoli.

Le nez rougit par le froid, la chaire de poule présente malgré les habits chauds, il avait fini par arriver à destination sans s’être perdu —c’est assez rare—, avant doucement mais sûrement. Il n’avait toujours pas d’informations, et ça l’angoissait. Il se sentait terriblement inutile, mais c’était normal. Et c’était sans sourire aux lèvres qu’il regarda la demoiselle à la chevelure de feu.

«  Bonjour princesse. Désolé pour le retard, mais je trouvais que ça allait bien avec la couleur de tes cheveux. »

Il lui tendit une rose rouge. Il aurait bien prit un bouquet mais ça ferait trop… Beaucoup trop.

« Ça fait longtemps… »

Longtemps, oui, surtout lorsque l’on voyait passer le temps, que l’on comptait les secondes en faisant toute une fixation sur le temps et que l’on arrivait plus à dormir la nuit, que l’on réfléchissait sur nous en se demandant si tout ça valait le coup, si en finir ne serait pas mieux. Mélancolie.

Elle avait attrapé la rose, elle l’avait mis dans sa belle chevelure. Ça lui allait réellement bien, elle ressemblait encore plus à une princesse. Ça lui arracha un sourire, depuis combien de temps n’avait-il pas réellement sourit ? Un sourire jamais, comme ça pouvait être rare chez le petit prince. Elle avait le don de briser sa barrière de glace. Mais lui appartenait, alors il resterait sincère en sa compagnie.

« En effet, je suis navrée. J’ai eu quelques rebondissements et je devais penser aussi. Mais bon ! Je suis contente de voir que tu vas bien. »

Boom boom. Elle était contente de voir qu’il allait bien. Tant mieux, elle aussi avait l’air d’aller bien, c’était le plus important. Lui, il était encore légèrement suicidaire mais ça allait passer, ça commençait à passer parce qu’elle était son seul espoir dans ce monde des plus chiants.

Boom boom. Le simple fait de ne pas avoir reçu de messages pendant un petit moment l’avait inquiété mais il n’en dirait rien. Il avait eu peur de se retrouver encore seul, face à  une boîte de médicaments qui n’attendait que le fait qu’il puisse avaler toute la boîte, entière. Il était encore assez vivant intérieurement pour s’en empêcher. Il avait repris goût à la vie, un peu.

« J’avais raison, la rose te va bien. Ça arrive d’avoir quelques imprévus, je comprends totalement. Tant que ça va, c’est bien. »

En tant que fils d’une famille riche, il était normal qu’il connaisse un peu trop bien les imprévus, il se retrouvait souvent à devoir suivre ses parents là-dedans sans avoir été prévenu pour « apprendre le métier ». Ça lui arrivait aussi de fouiner un peu trop dans les affaires de son père et de se retrouver dans l’incapacité de sortir de chez lui sans avoir peur qu’on lui tombe dessus, il avait arrêté de fouiner depuis.

« Tu voulais me voir pour une raison particulière ? »

Il était tout ouïe.

Elle faisait de la lumière, une lueur d’espoir, dans ses ténèbres éternelles. Il ne savait pas ce qu’il pensait, ce qu’il en pensait, si le concept de penser était valable pour lui. Était-il encore quelqu’un ? Oui, il était juste vide. Une coquille en quête d’une identité moins fausse que celle qu’il avait bâtie jusqu’ici. Jusqu’à ce que ce qu’elle lui fasse ouvrir les yeux.

Soupire.

Ses dents viennent pincer sa lèvre inférieure alors qu’elle s’approchait. Sa blessure avait guéri, depuis. Aucune infection, malheureusement. Il ne restait qu’une fine marque venant détruire cette image de perfection, il se sentait mieux en se sentent mutilé. Beaucoup mieux.

« Tu n’as parler de moi à personne, n’est-ce pas ? »

Chaleur.

Le bout de ses doigts était chaud, ça faisait du bien dans ce froid hivernal. Sentant sa délicate peau sur sa pauvre petite cicatrice. Elle recule. Il referme son poing sur son écharpe pour légèrement la remonter,  histoire que le courant d’air ne passe pas et qu’il  n’attrape pas froid. Il ne faudrait pas qu’il se retrouver cloué au lit. Le regard de la princesse était bien effrayant, bien menaçant et oppressant. Heureusement qu’il n’était que très peu bavard, et très peu sincère. Sinon, il pense qu’il aurait mal finit. Il pencha légèrement la tête vers le côté.

« Bien sûr que non. »

Il fera tout ce qu’elle demandera. Si le silence doit être, alors le silence sera. Jamais il ne parlerait d’elle à qui que ce soit, jamais il ne parlerait de lui à qui que ce soit. Il sourit à son tour, un petit sourire très peu visible. Il était presque invisible, il se voyait quand même. Peut-être qu’il n’avait pas envie de mourir si jeune, au final, et voulait profiter un peu. Le destin ne fait pas que du mal, il a raison d’y croire. Mettant les mains dans les poches, il était bien curieux de savoir ce qu’elle lui voulait. La curiosité est un vilain défaut.