Il se retourna vers elle, le visage complètement neutre, mains jointes sur la poignée de sa valise qu’il tenait devant lui. Ainsi donc elle venait de passer aux aveux. Plus facilement qu’il ne l’aurait espérer, même s’il s’agissait d’une ultime tentative de toucher sa sensibilité.

«Ah, je vois. C’est donc comme ça. Cruel ou non, ce n’est pas à moi d’en juger. Vous devez comprendre qu’avec cette déclaration, vous venez tout juste de renoncer à votre vie jusqu’à maintenant. Tous vos accomplissements, votre emploi, votre mode de vie et même votre visage sont désormais chose du passé. J’espère que vous n’y teniez pas trop. Mais vous comprendrez…»

Avant de terminer sa phrase, il appuya sur le bouton situé sur la poignée de la valise, dévoilant un quinque ressemblant à la garde d’un fleuret d’escrime dont la lame se divise en trois panneaux qui forment la bouche d’un canon.

«…Vous comprendrez que je ne peux malheureusement pas vous laisser partir. Libre à vous de décider si vous voulez finir en prison ou dans un sac. Il vous reste l’option de m’éliminer, mais entre nous, je ne compterais pas là-dessus.»

«Ne m’en voulez pas, je ne fais qu’appliquer des procédures. Je vous ai offert la clémence, vous l’avez refusée. Je n’ai pas que ça à faire, vous voyez. Néanmoins, je vous félicite d’avoir su protéger votre amie goule en vous sacrifiant. Très noble de votre part, mademoiselle.»

La quinque s’illumina en son centre tandis qu’elle se chargeait d’énergie, un craquement ressemblant à celui de l’électricité se mêlait aux plaintes de la goule. Après quelques secondes, il la pointa vers celle-ci, le rayon la frappant de plein fouet au niveau du ventre. Peut-être avait-il été trop doux avec elle, mais il fit exprès de ne pas viser les organes vitaux et ne pas charger l’arme à pleine capacité. Elle ne mourrait sans doute pas de ses blessures, mais ne serait pas en état de fonctionner pour un moment. Un cri perce le silence nouvellement installé et cette fois, il devine qu’il s’agit de celui de citoyens affolés. Il intercepte un homme qui lui parle de goules, de mort et ce dans un langage approximatif. L’homme semblait d’autant plus effrayé de voir la personne au sol, mais il ne chercha pas à se justifier. Il serra les dents, cachant pertinemment de qui il s’agissait. Il sortit son téléphone d’urgence.

«Ici assistant inspecteur spécial Fujimoto. J’ai appréhendé une goule en face de la morgue, mais des citoyens en ont aperçus d’autre faisant des ravages dans le quartier. J’ai besoin d’une équipe pour venir ramasser celle-là. Une goule inconnue encore à ce jour.»

Il mit fin à la conversation avant de se lancer à la poursuite de l’autre. La priorité demeurait les civils. Il remarqua enfin les deux congénères qui laissaient libre cours à leurs pulsions sur les citoyens. Avec un tir de son quinque, il détruit les projectiles de la goule Ukaku. En attendant que les civils se sauvent et que les blessés soient déplacés, il devrait discuter avec eux un moment.

«Vous m’excuserez, j’étais aux prises avec une goule un peu plus loin. Cheveux bleus, travaillant dans une morgue. Peut-être que vous la connaissiez? Aurora, qu’elle s’appelait. Alors, qu’est-ce qui amène deux bons dégénérés à s’en prendre à la population?»

Étaient-ils seulement assez fort pour pouvoir se mesurer à autre chose que des citoyens? Dans tous les cas, il n’avait jamais vu ces masques auparavant, mais la chevelure de l’une d’entre elles élevait des soupçons.