avatar -  Koyomi Araragi - Monogatari series

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« Tu me dégoûtes… »

Voilà ce que disait Tsukiya Iwasaki chaque matin, avant de filer en cours, à son tuteur depuis  que ce dernier l’avait pris sous son aile. Comment ses parents avaient-ils pu être amis avec ce… Monstre ? Non, le problème ce n’était pas qu’il était une goule, ce serait assez idiot venant de lui de les détester, autant s’auto-flageller. Non mais ce cannibale, goinfre ou tout ce que vous voulez était juste une abomination pour n’importe quelle personne censée, surtout pour le jeune homme qui avait vu cet être abject dévorer les cadavres encore tièdes de sa famille suite à une altercation dans le 24ème arrondissement qui les laissa tout bonnement sur le carreau. Lui ? Il s’en était sorti pour deux raisons bien simple : son père l’avait poussé dans un tas d’ordure pour le protéger et celui qui dévorait devant lui ceux qui l’avaient fait venir au monde disait avoir une « dette » envers eux, voilà tout.

A vrai dire, la vie avec sa famille d’origine était plutôt paisible, Tsukiya avait des parents aimant ils ne manquaient de rien. Leur logement était plutôt petit mais pour vivre à trois cela était bien suffisant, ils ne manquaient pas de nourriture et se satisfaisaient du strict nécessaire à leur survie, de fait, le style de vie d’une goule n’était pas rebutant, pour lui c’était normal. Triste, certes, mais normal. Après tout, les humains qu’il côtoyait habituellement avaient des animaux de compagnies, s’amusaient avec des vaches ou des bœufs à la ferme et pourtant ils mangeaient bien des steaks hachés saignants, non ? Il n’avait jamais eu de problème à s’intégrer à la vie en communauté, ses parents ayant toujours su lui inculquer des valeurs morales universelles, respecter la vie malgré leur nourriture, ne pas tuer pour le plaisir, tout ce genre de chose qui étaient restées ancrées en lui, même après cette vision désastreuse et cauchemardesque.

Or, quand une idéologie aussi simpliste vous est imprimée dans la tête, se mélange à une haine viscérale des criminels, une incompréhension totale du cannibalisme chez certaines goules, une frustration de devoir vivre avec un amoncellement de toutes ces choses que l’on hait du plus profond de ses entrailles, déchiré par l’envie de détruire cette personne se moquant de vos promesses de meurtre, de votre peur de devenir ce que vous détestez, des nuits entières à vivre encore et encore le même cauchemar, les mêmes souvenirs, alors il ne reste plus qu’une étincelle pour allumer un feu vengeur dont votre esprit tourmenté a nourrit les braises bien trop longtemps.

Tsukiya n’avait toujours pas succombé aux pulsions de goinfrerie auxquelles s’adonnait Gyôsei, son tuteur. Lui se contentait de cadavres dans les morgues ou d’autres « monstres » comme il les appelait. Des humains tuant d’autres humains ou faisant d’autres crimes ne valaient pas vraiment mieux que des goules tuant d’autres goules, alors les faire disparaître rendait service à tout le monde, non ? Voilà ce qu’était son quotidien en matière de nourriture, sa logique nutritive biaisée par la haine du crime et la justice qu’il avait vue bafouée à de nombreux égards. D’un autre côté, il avait commencé à se créer des liens d’amitiés avec des humains, allant souvent boire des cafés avec eux en début de soirée, égayant ainsi ses journées. Son petit groupe était une cellule bien plus saine que son dérangé de tuteur dont il devrait se séparer bientôt au vu de ses excès devenus bien trop évidents, bien trop dangereux pour lui et sa couverture d’humain lambda. Au final, il n’eut rien à faire pour son cas. Cet idiot se fit abattre par les « colombes » suite à une autre de ses escapades idiotes. Bien entendu Tsukiya pensa pouvoir enfin respirer un peu, aucun lien n’était faisable entre Gyôsei et lui, personne ne les avait jamais vu ensemble, ils n’avaient aucun lien de sang ni aucune ressemblance physique, le jeune homme avait bien fait attention à ne jamais prononcer son nom et à toujours sous-entendre qu’il avait vécu seul. Seulement voilà, maintenant il était vraiment seul et son petit salaire de travail étudiant serait plus que suffisant pour payer un loyer, n’ayant pas vraiment à payer pour une quelconque nourriture. Il avait toujours dû se débrouiller seul pour trouver ses proies et les chasser alors être livré à lui-même n’était pas un gros problème pour lui.

Pourtant, une boule au ventre vint le tarauder, allumant la mèche de sa colère latente : cette saloperie de Gyôsei ne lui avait pas laissé le plaisir de l’achever ou de le tuer de ses propres mains du début jusqu’à la fin, il lui avait filé entre les doigts. Cette simple idée le mettait dans une rage folle, une colère noire qui lui donna envie de se défouler, d’aller chercher un brigand, un voleur, un agresseur ou autre, Humain ou Goule pour passer ses nerfs, il le fallait ! La nuit tombée, il enfila son masque puis parti en chasse tel un oiseau de proie aveuglé par la rage. Tombant ainsi sur le premier garçon encapuchonné lui semblant trop insistant envers une fille dans une avenue sombre, il l’attrapa et le plaqua contre un mur. La jeune femme s’enfuit alors sans demander son reste, lançant un vague merci. Il était seul maintenant avec son trophée, il sentait sa peur à travers cette capuche qui cachait son visage impossible à voir. Enfin, il sentit la vie s’écouler entre ses doigts quand l’un de ses Kagune transperça le corps de sa proie dont la capuche tomba, dévoila son visage sans vie. Surprise et peur se lurent alors sur le visage de la Goule, découvrant avec frayeur qu’il venait de tuer un de ses camarades de soirée. Son monde fait de noir et de blanc devint alors gris à jamais, achevant sa route vers le point de non-retour.

C’est en larme que le garçon mangea alors son ami. Lui-même ne savait pas pourquoi ces larmes coulaient, ce qu’elles signifiaient. Etait-ce la peine d’avoir tué son ami ? La déception de ne pas avoir pu tuer l’homme qui le hantait depuis tant d’années maintenant et qui, pourtant, lui avait tout appris ? L’acte irrationnel de dévorer des morceaux de son ami, de se cacher loin de tous pour le dévorer, n’en laisser aucune trace, le rendre méconnaissable ? Ou celui de se sentir trahi, voyant que même ses amis chers étaient remplis de vices, que lui-même en avait, que ce monde dans lequel il vivait était plongé dans tout ce qu’il refusait d’apprécier ?

Suite à la disparition de leur ami, ses autres camarades décidèrent de rejoindre les forces du CCG. Bien entendu, il avait toujours joué le rôle du faiblard, du frêle, histoire de ne pas être soupçonné, de ne pas être appelé à l’aide. Cela fonctionna miraculeusement, ses camarades lui demandèrent de rester en dehors de ça, expliquant que perdre un ami était déjà beaucoup trop pour eux, qu’en perdre un deuxième « les tuerait ». Ironie quand tu nous tiens… Le changement de caractère opéré chez lui fut aussi mis sur le compte du traumatisme dû à la perte d’un ami cher. Il en avait fini de jouer le rôle du petit faiblard cherchant à se faire des amis, se mettant dès lors à parler avec une certaine sincérité, à appuyer certaines de ses convictions, à éviter de trop vite se lier d’amitié, à douter de la bonté des autres, mais aussi de la sienne.

« Tu me dégoûtes… »

Se dit-il le soir de l’enterrement, avant de s’endormir.

VALIDATION SUPRÊME

j'ai beaucoup aimé ta fiche, tsukiya est trop génial, il nous faudra absolument un lien >w<

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