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Forum Tokyo ghoul, basé sur le manga original de Sui Ishida. Avatar du même type en 200*320. Personnage de l'anime interdit à prendre, nous demandons des personnage fictifs car aucun lien avec Ken Kaneki ne sera fait. Cela se passe également à Tokyo.
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Douce matinée [Pv Ishi / Gin ]



 
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Douce matinée [Pv Ishi / Gin ]
ON EST EN 2016, CA VA BOUGER CETTE ANNEE !
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Ishi Mikami




Ishi Mikami
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Rôdant dans les sous-terrains de Tokyo, j'étais tel un démon qui serpentait sous les pieds des milliers d'habitants de la ville sans qu'on ne puisse me voir, ni m'entendre. Les ténèbres avaient été ma seule compagnie durant plusieurs semaines, m’enlaçant telle une mère aimante, celle que je n'avais jamais eu. J'avais coupé mes liens depuis longtemps à présent, ils ne me manquaient qu'en de rare occasion mais je les apaisais par mes songes qui me montraient mes véritables désirs. Lorsque la faim me rongeait, le diable que j'étais s'abattait sur les pécheurs qui tentaient en vain de se fondre dans les abysses de la mégalopole.

Mon régime était à présent composé que de Ghoul, elle m'abreuvait et m'alimentait en cellule RC et aiguisaient mes sens. De plus, j’apprenais d'elles plus qu'en discutant, ma façon de combattre s'était améliorée aux fils de mes traques ainsi que ma cruauté. A peine un mois avant, j'avais toujours du mal à garder mon sang froid, mon Humanité mais à présent, je ne faisais plus qu'un entre le Diable et mon côté Humain. Je ne faisais qu'un, je m'en sentais que mieux.
La folie n'était jamais loin mais je la maîtrisais, je la gardais sous contrôle tandis que je commençais à peine à mettre mon plan en place. La personne qui me manquait le plus était bien Rose, son odeur appétissante me créait un vide dans le cœur que je n'arrivais pas à étouffer, même avec plusieurs repas. Mais j'avais fait mon choix, plus de retour possible à présent.

Je m'avançais dans les égoûts à présents, la puanteur de ceux-ci me piquait les yeux tandis que j'approchais de la surface pour la première fois depuis un bon nombre de jour. Posant ma main sur une bouche d'égoût, je tendais l'oreille à la recherche de bruit mais je n'entendais qu'un long silence. Souriant en coin, je poussais la plaque de fer pour bondir à l'extérieur.
Le froid me figea durant quelques instants, moi qui m'était habitué à la chaleur des sous-terrains, je n'avais plus de haut à force de me battre et mon sarouel était en piteux état. L'hiver était à son comble en ce mois de Février et je commençais à regretter de ne pas avoir pris un vêtement sur le cadavre d'un de mes repas.

"-Je déteste l'hiver..."

Me frottant les bras, je soupirais en tirant mon masque que je calais sur mon visage pour le garder caché. J'aurais à chasser pour récupérer de quoi me tenir chaud, sans compter ma prochaine cible. Soupirant, je me retournais vers la ruelle tandis que le soleil illuminait à peine le ciel loin à l'est.
Mes pas faisaient échos dans la rue, j'étais seul tandis que les premières lumières s'allumaient dans les maisons alentours, j'observais les silhouettes des parents qui préparaient le déjeuné pour leurs enfants paisiblement, les chiens qui dormaient encore dans leurs niches ainsi que le givre sur les voitures. C'était agréable de retourner à la surface, finalement. Tirant un paquet de cigarette de ma poche de sarouel, je l'allumais en me posant contre un mur, mon masque relevait sur mes cheveux et mes yeux fixant le ciel où on pouvait encore voir les dernières étoiles.

Puis, mon sens aiguisé m'avertit d'une présence dans la ruelle tandis que mon flair m'indiquait qu'il s'agissait d'une ghoul. Sans même y jeter un regard, je déployais l'un de mes kagunes dans les airs en le projetant vers l'origine de l'odeur. Cette attaque n'était qu'un avertissement pour l’intrus, je n'avais encore pas réellement faim mais si il désirait chercher des poux, je n'aurais aucune pitié. Me tournant vers la silhouette, je soufflais ma fumée en la détaillant rapidement.

"-Qu'est-ce que tu désires, la Ghoul ?"

J'affichais une moue ennuyé vers celle-ci tandis que mon kagune glissait à nouveau dans mes reins, gardant ma cigarette dans ma main droite en attendant sa réponse, prêt à tout.
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Gin Nakagawa




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douce matinée

Gin avait toujours aimé le matin. Voir le soleil se lever, et irradier la ville de sa douce lumière, c'était une de ces choses qui réchauffaient le coeur de Gin, insufflant en elle une certaine bonne humeur qui chassait parfois la mélancolie. Les ténèbres de la nuit s'évanouissaient déjà alors que la rouquine faisait les poches de sa dernière victime, fourrant dans sa poche les quelques billets qu'elle avait pu récupérer. C'était un maigre butin, mais toujours mieux que rien. Le froid mordant la fit brusquement frissonner. Pour se protéger du vent hivernal qui s'engouffrait en sifflant dans la ruelle, elle sortit son écharpe et son manteau de son sac à dos. Gin regarda un moment son t-shirt trop large couvert d'éclaboussures de sang, et soupira. De la manche de son sweat, elle s'essuya la commissure des lèvres. Elle avait encore le goût acre du sang dans la bouche, ressentait encore l'exaltation de la chasse endiablée à laquelle elle s'était livrée la nuit précédente. Il fallait se calmer. Sa faim était apaisée, comme sa folie ; il était temps de se détacher des paroles de Thanatos, de profiter de ces quelques instants de lucidité qui suivaient toujours un repas. La rouquine s’emmitoufla dans son manteau sombre et enroula son écharpe bordeaux autour de son cou pale pour se protéger du froid. Et pour camoufler le sang qui maculait son t-shirt, aussi.

Gin prit une grande inspiration, l'air froid qui glaçait ses poumons l'aidant à se reconnecter à la réalité. Les doux rayons du soleil s'engouffraient dans la ruelle, réchauffant l'atmosphère de leur lumière dorée. De son regard vert, elle scruta la ruelle autour d'elle, le visage toujours caché derrière son masque. Elle ne saurait vraiment dire jusqu'où elle avait traqué sa proie pendant la nuit. Lentement, elle se mit à marcher. Ses articulations étaient enrouées, comme si elle venait de sortir d'un long sommeil. C'était presque le cas, au fond, puisqu'elle n'avait que des souvenirs flous de la nuit qui venait de s'achever. Elle avait laissé la folie prendre le dessus, sans plus se soucier du danger que ça représentait pour elle et pour les autres. Elle avait trop faim. D'un pas lent, elle explorait les ruelles aux alentours, son regard absorbé par le ciel qui arborait encore quelques étoiles, qui s'éteignaient doucement pour laisser place au soleil. L'océan nocturne se teintait déjà de teintes rougeâtres offertes par l'astre levant. Les rues qui défilaient autour d'elle, Gin ne les reconnaissait pas, et elle soupira à nouveau à l'idée d'être encore perdue. Elle hésita à rejoindre les toits pour tenter d'apercevoir le treizième, le seul quartier qu'elle connaissait, mais se décida finalement à marcher. Les rues étaient vide à cette heure matinale, elle ne risquait donc pas grand chose, pas vrai ?

Puis brusquement, elle se retrouva nez-à-nez avec un kagune, qui appartenait visiblement à la goule qu'elle venait de sentir, mais pour laquelle elle n'avait ressenti qu'un profond désintérêt. Ainsi, quand le kagune, écailleux, apparemment, fut projeté à quelques centimètres de son visage, Gin se contenta de s'arrêter, et de soupirer avec un air désabusé. Actuellement, elle avait vraiment la flemme d'engager un combat. Elle voulait seulement rentrer chez elle, et était encore assez lucide pour résister à Thanatos qui lui hurlait d'engager le combat avec l'inconnu.

- Qu'est-ce que tu désires, la goule ?

Elle soupira. Elle ne voulait rien, elle, au fond, sinon rentrer chez elle. C'était lui qui venait de la menacer, alors qu'elle ne faisait que passer. Elle le détailla un instant, ses yeux verts luisant derrière son masque. Il avait l'air d'avoir son âge, bien qu'à cause de son masque, elle ne put le dire précisément. Des cheveux sombres, une posture presque nonchalante. Gin était presque sûre de ne l'avoir jamais rencontré. Elle haussa alors les épaules en guise de réponse, alors qu'il rétractait son kagune.

- Vous devez avoir froid. Tenez.

Gin enleva d'abord son manteau, puis se dévêtit de son sweat trop grand pour elle, avant de remettre son manteau sombre. Elle lui tendit le sweat, bien qu'il soit tâché de sang. Elle l'avait volé à un garçon un peu plus vieux qu'elle, qu'elle avait dévoré quelques semaines auparavant. Il irait sans doute à l'inconnu. Elle ne comprenait pas vraiment cette compassion soudaine qui l'animait, pourtant, elle avait presque pitié de cet inconnu qui devait avoir très froid. Il dégageait une odeur très légère qui la rendait presque nostalgique, sans qu'elle ne puisse dire pourquoi. Il était là, dans la rue, portant des vêtements en piteux état et certainement pas adaptés à l'hiver. En ça, il lui rappelait Junkie et elle, qui passaient leur temps dans la rue.

- Votre tenue n'est pas très adaptée à l'hiver, continua-t-elle. Le mois de février est froid ici, à la surface.

Cette odeur, elle l'avait reconnue. C'était l'humidité, les ténèbres des sous-terrains, c'était l'odeur qui l'avait enveloppée toute son enfance. C'était les combats de goule qui faisaient rage et l'écho des meurtres qui résonnaient contre la pierre noire. C'était ce passé qu'elle avait voulu balayer mais qui à chaque fois se dressait sur sa route. Elle souriait, Gin, derrière son masque de chat du Cheshire. Elle souriait de son sourire faux et désabusé, de son sourire d'étoile éteinte.

- Pour vous faire pardonner de votre menace de tout à l'heure, vous m'offrirez bien une cigarette, pas vrai ?

Dans ses yeux pétillaient une malice toute enfantine qui lui était propre, comme cette aura de femme enfant qu'elle dégageait. Ce garçon l'intriguait, sans qu'elle ne puisse expliquer pourquoi. Sans doute parce qu'il lui rappelait les vestiges enfouis de son passé avec son père.

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Cela faisait longtemps que je n'avais pas simplement parler à quelqu'un, depuis plusieurs semaines je ne faisais que tuer sans prononcer une seule parole à mes proies, en-dessous, ce n'étaient que des tueuses qui n'avaient aucune once de pitié pour leur cible, je n'en avais donc aucune pour elle, ni l'envie de leur faire la discussion. Mes yeux ne quittaient pas cette fille qui ne devait pas être plus vieille que moi en vue de sa taille et de ses formes mais tandis que je m'attendais à une réponse de celle-ci sur sa présence, celle-ci me fit remarquer que je devais avoir froid.
Et effectivement, je commençais à ne plus sentir mes doigts pendant que ma peau commençait à me brûler sous le vent glaciale qui soufflait en cette matinée d'hiver. Elle commença à retirer quelques'uns de ses vêtements pour finalement me tendre un sweat dont je remarquais au premier coup d’œil le sang qui y dessinaient des tâches sombres. Me le tendant de sa main, je décidais de m'approcher vers elle sans crainte pour venir le prendre avant de l'enfiler rapidement puis je poussais un long soupire de réconfort tandis que la chaleur commençait à revenir sur moi.

- Votre tenue n'est pas très adaptée à l'hiver, continua-t-elle. Le mois de février est froid ici, à la surface.
-J'avais oublié ce détail, oui. Comment sais-tu que je n'en viens pas d'ailleurs ?

J'haussais un sourcil dans sa direction tandis que je levais ma main pour relever mon masque sur mes cheveux, dévoilant mon visage à celle-ci sans que je ne craigne une quelconque conséquence, mon identité ne resterait pas longtemps secrète de toute façon. Son odeur était plus légère que celle de Rose mais pas moins appétissante tandis qu'elle ne me semblait pas dangereuse aux premiers abords. Bien loin des monstres qui m'avait tenu compagnie dernièrement.
Je relevais ma cigarette à mes lèvres avec nonchalance tandis qu'elle me demandait une cigarette pour me faire pardonner, je souriais légèrement à cette remarque comme si j'avais besoins de me faire pardonner. N'étions-nous pas des animaux ? Des monstres ? Mais finalement, je pris le paquet de ma poche pour lui tendre en l'ouvrant, le briquet visible près des quelques cigarettes encore présentes dedans.

"-Qu'as-tu chassé, le chat ? Ce quartier est paisible, des écoles y résident ainsi que des familles...Chasserais-tu les enfants ? Ne me dis pas rien, le sang sur tes vêtements empestent et sont plus que visibles d'ailleurs."

Je l'observais tandis qu'elle prenait une de mes cigarettes sans cacher que la réponse risquait de sceller notre rencontre. Peut-être étais-je un monstre mais je n'acceptais pas qu'on s'en prenne à des enfants, ni à des familles innocentes. Autrefois, j'en fus une victime et la souffrance qui en a résulté, je ne voulais en rien que d'autres la subissent.
Au fond de moi, mes pulsions me poussaient également à trouver une raison chez elle de la dévorer mais elle ne prenait plus le dessus, je les contrôlais à présent et je ne les laisserais plus jamais prendre le dessus. Je m'étais adapté, évolué pour devenir plus dangereux. Clignant des yeux, je venais de recevoir un flocon sur mon nez qui me démangea soudainement avant de me pousser à éternuer bruyamment tandis que je grimaçais bêtement à cette réaction de mon corps.
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Gin Nakagawa




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douce matinée

- J'avais oublié ce détail, oui. Comment sais-tu que je n'en viens pas d'ailleurs ?

Gin souriait malicieusement derrière son masque, alors que celui-ci dévoilait son visage. Ce n'était pas un visage connu, elle en était désormais certaine. Il avait bel et bien son âge, peut-être même un peu plus jeune encore. Il était vrai qu'en évoluant un certain temps dans les sous-terrains, on en venait à oublier toute notion du temps, et même d'espace. Ce n'était qu'un immense labyrinthe noir taillé dans la pierre froide, où la lumière ne perçait pas. Le froid ne s'y insinuait pas non plus, il y faisait au fond presque la même chaleur toute l'année. Gin connaissait trop bien cette océan de noirceur qui puait le sang incrusté dans les parois et dans le sol. Là-bas, la mort se tenait à chaque tournant, prenant la forme d'une goule folle et affamée qui s'était réfugiée dans ce trou à rat par choix ou par obligation. En dessous, il y avait les cannibales, et ceux qui fuyaient les colombes. Elle ne les avaient que trop connus, ces fous, Gin. Elle les avait chassés, dévorés, fuis. Mais plus que les gens, c'était l'environnement qui était aliénant. Les bruits de l'eau qui goutte jour et nuit dans une litanie sans fin, interrompue seulement par les hurlement bestiaux qui résonnaient parfois et qui ne manquaient jamais de la terroriser dans son enfance. C'était le noir qui enveloppait tout, mettant en exergue le moindre son, étouffant chaque raie de lumière qui perçait parfois, camouflant le visage des créatures bestiales qui s'y tapissaient. C'était la tiédeur constante, en été comme en hiver, qui vous faisait perdre toute notion du temps. C'était l'odeur d'humidité omniprésente qui imprégnait les tissus. Lui, qui se tenait face à elle, il incarnait tout cela.

- Je ne sais pas trop. Vous dégagez quelque chose qui me rappelle mon passé. Votre odeur, peut-être. Mais pas seulement.

Elle releva à son tour son masque de chat, dévoilant son sourire rêveur, son regard vide, ses tâches de rousseur. Le simple fait qu'il lui dévoile son visage montrait qu'il ne la traitait pas avec méfiance, ni même agressivité, malgré la menace latente qui planait toujours, menace dont il était l'instigateur en premier lieu. Par excès de confiance, pourtant, Gin n'était pas sur ses gardes, lui offrant son visage, se tenant là avec nonchalance. Peut-être était-elle un peu somnolente, suite à sa nuit passée à chasser et manger. Il lui offrit alors une cigarette, l'air presque amusé par sa demande impolie.

- Qu'as-tu chassé, le chat ? Ce quartier est paisible, des écoles y résident ainsi que des familles... Chasserais-tu les enfants ? Ne me dis pas rien, le sang sur tes vêtements empeste et est plus que visibles d'ailleurs.

De ses doigts raidis par le froid, la rouquine tira une cigarette du paquet qu'il lui tendait, et l'alluma avant d'y remettre le briquet. Elle n'avait pas l'habitude de fumer, avant de rencontrer Junkie. Elle s'était rendue compte alors que c'était une des rares choses qu'elles pouvaient partager, et s'était mise à fumer à l'occasion, pour l'accompagner. Gin porta la cigarette à ses lèvres, et tira une longue bouffée qui emplit ses poumons, puis elle laissa la fumée franchir ses lèvres roses, créant un volute sombre. Puis elle arqua un sourcil. En quoi son dernier repas pouvait-il bien présenter un quelconque intérêt ? Gin n'était pas du genre à s'attaquer à plus faible qu'elle, et c'était bien pour cela qu'elle ne s'en prenait jamais aux fragiles humains, eux même qu'elle trouvait si beaux dans leur innocence gracile. Alors s'en prendre aux enfants ? L'idée ne lui avait jamais traversé l'esprit, et la rouquine fut presque dégoûtée d'imaginer qu'il existait des créatures comme elle qui chassaient les enfants. La loi du plus fort était d'une cruauté inégalable, déjà entre goule, alors il lui paraissait inconcevable de mêler des humains, et pire encore, des enfants, à ces chasses.

- J'ai l'air d'une chasseuse d'enfant ? Un rictus se dessina et mourut presque instantanément sur ses lèvres. Je ne chasse pas plus faible que moi. Ma proie a simplement fui jusqu'ici.

A nouveau, la rouquine porta la cigarette à ses lèvres, puis recracha la fumée. Elle regardait la cigarette se consumer lentement, son bout incandescent se détachant dans la ruelle sombre lentement gagnée par le soleil, qui continuait sa course inexorable. Au fond, elle pourrait lui retourner la question. Une goule des sous-terrains qui errait à la surface, dans ce quartier plein de familles, ce n'était pas moins suspect. L'horaire n'était pas idéale pour la chasse, à ses yeux, vu qu'elle officiait surtout la nuit. Elle se mit alors à s'interroger au sujet de sa présence à lui, dans cette ruelle, face à elle. Tout ce qu'elle espérait, c'est qu'il ne l'avait pas choisie comme proie, parce que même si elle avait confiance en ses capacités, en tant que blindée, elle ne ferait pas le poids contre une écailleuse bien entraînée. Et s'il remontait des sous-terrains, il était certain que ce n'était pas un enfant de chœur. En dessous, les faibles ne survivent jamais bien longtemps.

- Et toi alors, tu fais quoi à la surface ?

Elle avait l'air détaché, comme pour lui montrer qu'il n'était pas obligé de répondre. Il avait commencé à neiger, les duveteux flocons tombant lentement du ciel. Quand un de ces flocons tomba sur le nez du garçon, il éternua, ce qui tira à la rouquine un petit rire. De ses mains blafardes, elle attrapa au vol un flocon, et le regarda fondre doucement alors que le froid atrophiait sa peau.

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Lorsqu'elle releva son masque, j'en profitais pour observer son visage avec calme, marquant ses traits qui n'étaient pas pour me déplaire mais surtout ses yeux : Ceux-ci me semblaient vide. Qu'avait-elle vécu pour qu'ils soient ainsi privé d'une lueur de joie, de haine, de tristesse ou de folie ? Durant ma vie, j'avais rencontré toutes sortes de Ghoul et chacune d'elles avaient dans ses yeux une lueur unique mais elle, elle n'en avait aucune. La curiosité me piqua ainsi qu'une certaine tristesse pour elle. Me replaçant dans un contexte extérieur à mes chasses, je commençais à la trouver sympathique comme compagnie.

- J'ai l'air d'une chasseuse d'enfant ? Un rictus se dessina et mourut presque instantanément sur ses lèvres. Je ne chasse pas plus faible que moi. Ma proie a simplement fui jusqu'ici.

Avait-elle l'air d'une chasseuse d'enfant ? Les nôtres étaient doués pour cacher leur véritable visage, je ne pouvais en rien faire confiance à l'allure d'une ghoul pour savoir ce qu'elle chassait. Tandis que la neige débutait sa chute monotone, silencieuse, elle me demanda ce que je faisais à la surface avant que je n'éternue. Elle ria légèrement, je ne m'attendais pas à ce qu'elle rigole en vue de ses yeux, j'aurais pensé qu'elle était presque aussi vide que je ne l'étais.
Passant ma main sur mon nez pour en déloger le flocon qui fondait, je levais mes yeux pour étudier les environs en laissant sa question en suspend. Elle ne semblait pas attendre une réponse en plus de ça, elle était au moins assez maline pour comprendre que certains n'avaient aucun désir de parler de leur but.
Son sweat était chaud, je commençais à me sentir plus à l'aise à présent tandis que des brides de paroles s'échappaient des maisons alentours. Dans ma tenue actuelle avec le sang sur ce vêtement, je risquais rapidement d'éveiller l'attention lorsque les familles sortiront de chez elles pour amener leurs enfants à l'école et travailler.

"-Contrairement à ce que tu penses, je ne suis pas un habitué des sous-terrains. Je ne faisais que rôder depuis quelques semaines pour étancher ma faim, calmer mes pulsions ainsi que ma folie. Maintenant que je suis calme, je reviens à la surface que je préfère bien plus que ces lieux sombres et humides, rien que pour l'odeur."

C'était en partie la vérité, me disais-je même si je cachais en grande partie ce que j'avais fait en-dessous. Entre mes traques, j'avais également repris contacte avec un vieil ennemi pour m'en faire un allié des plus utiles ainsi que plusieurs autres goules qui me semblaient assez utiles pour mes plans.
La neige tombait de plus en plus à présent mais sans un vent pour la porter, elle se déposait paisiblement sur nos cheveux et nos épaules en donnant aux environs un visage serein et rêveur qui cachait la réalité de la vie à Tokyo. Déjà, des victimes des Ghouls étaient retrouvés par les Colombes et la Police tandis que certains abattaient l'une d'elle qui n'avait pas réussi à se cacher assez rapidement.

"-Nous devrions aller dans un endroit moins fréquenté si tu ne désires pas que les colombes ne viennent rapidement. Tu disais chasser des cibles plus fortes que toi, chasserais-tu le CCG ou les nôtres ?"

Je me détournais d'elle en avançant dans la ruelle doucement, glissant ma main libre dans ma poche tandis que je levais ma cigarette aux lèvres pour tirer dessus pendant quelques instants, soufflant la fumée par mes narines avant de lancer ce qu'il en restait sur le sol.
Dans mes souvenirs, le fait que je fume, avait surpris plusieurs ghouls mais comme la café, cela apaisait ma faim et me donnait également un meilleur déguisement du parfait adolescent des rues Japonaises et j'aimais observer cette chose s'embraser à chacune de mes respirations et se consumer, cela me faisait penser à nos vies.
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Gin Nakagawa




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Gin tendit l'oreille, intriguée par les bribes de conversation qui lui parvenaient. Elle leva les yeux. La lumière du soleil aura bientôt dévoré la totalité du ciel nocturne, révélant à la rouquine qu'il était plus tard qu'elle ne l'aurait pensé. En cette saison hivernale, le soleil se levait souvent plus tard qu'elle, alors qu'elle était en chemin pour ouvrir la boutique. Alors les pour les jeunes enfants qui vivaient aux alentours, il serait bientôt l'heure d'aller à l'école. Ils ne pouvaient pas rester là, avec leurs masques en évidence et leurs vêtements teintés de sang. Gin ne représentait pas un danger pour eux, mais elle ne savait pas ce qu'il en était de l'autre goule. D'après la question qu'il lui avait posé, elle avait déduit qu'il n'était pas du genre à s'en prendre aux enfants, mais il n'y avait pas que des enfants dans ce quartier. Elle ne tolérerait pas qu'il s'en prenne à ces humains qu'elle aimait tant, et risquerait de perdre le contrôle s'il venait à les attaquer. Elle ne le connaissait pas assez pour lui faire confiance sur ce point.
Et elle se doutait qu'au fond, il en était de même pour lui. La rouquine avait affirmé ne pas s'en prendre aux enfants, mais rien ne le poussait à la croire, surtout quand elle se promenait de bon matin, maculée de sang, dans un quartier réputé pour ses nombreuses écoles. Elle n'était pas habituée à ce genre de coins, Gin, trop acclimatée à l'insécurité du treizième. Ici, ils attiraient trop l'attention, et en plein jour, ils seront la cible de tous les regards. La rouquine hésita, pendant un bref instant, à fuir, mais resta plantée là, retenue par cette nostalgie qu'elle avait ressenti brusquement à la rencontre du garçon. Son passé, elle le fuyait, pourtant, elle ne pouvait pas lui tourner le dos, pas maintenant. Son enfance rude, son père qu'elle avait dévoré, tant d'images sombres et sanglantes qui jaillissaient dans son esprit de manière incontrôlée. Ça lui empoisonnait l'esprit, mais comme un délicieux poison dont on aime s'enivrer.

- Contrairement à ce que tu penses, je ne suis pas un habitué des sous-terrains. Je ne faisais que rôder depuis quelques semaines pour étancher ma faim, calmer mes pulsions ainsi que ma folie. Maintenant que je suis calme, je reviens à la surface que je préfère bien plus que ces lieux sombres et humides, rien que pour l'odeur.

Elle hocha doucement la tête. Les sous-terrains n'étaient clairement pas le lieu le plus confortable pour vivre, ni même le plus sûr. Mais se terrer là-dessous pour calmer la folie, ça paraissait une idée étrange. Pour la rouquine, les sous-terrains représentaient cet endroit aliénant qui amplifiaient toujours plus la force des voix, le noir et le silence dévorant l'obligeant à faire face à ses démons. En bas, c'était la folie et elle, personne pour la distraire de la démence. Gin en était certaine, le vingt-quatrième, ça vous aliénait, ça permettait à la folie de se faire plus virulente encore. La démence la rongeait alors jusqu'à la moelle.

- Je ne suis pas sûre que le vingt-quatrième soit le lieu approprié pour apaiser sa folie. Au contraire.

Elle savait bien de quoi elle parlait. Il avait passé son temps en dessous pour manger, pour être moins fou. Sans doute était-il cannibale, lui aussi, ce qui conforta Gin dans l'idée qu'il valait mieux ne pas le provoquer, parce qu'en cas de combat, son kagune blindé la désavantagerait. Un cannibale, comme elle. Elle se demandait ce qui avait bien pu le pousser à dévorer ses congénères. Par choix, par obligation ? Elle prit une nouvelle bouffée de fumée, puis se désintéressa finalement de la question qui lui avait traversé l'esprit. Ce n'était pas ses affaires. Elle était distraite par les flocons qui tombaient avec plus d'abondance encore, formant sur le sol une fine couche opalescente qui camouflait le goudron. Gin retira un flocon logé dans ses cheveux flamboyants, et le fit fondre entre ses doigts. La ville se réveillait lentement, comme une machine endormie dont tous les rouages se remettraient lentement à tourner. C'était les aboiements d'un chien, le claquement d'un volet qu'on ouvre, la sirène d'une voiture de police. Tokyo lentement s'éveillait, alors qu'elle se tenait là, comme hors du temps.

- Nous devrions aller dans un endroit moins fréquenté si tu ne désires pas que les colombes ne viennent rapidement. Tu disais chasser des cibles plus fortes que toi, chasserais-tu le CCG ou les nôtres ?

Gin ne se confrontait pas aux colombes, du moins jamais par choix. Elle tenait absolument à ce que son visage reste inconnu de tous les inspecteurs. Elle n'avait aucun lieu de vie fixe, aucun travail officiel, aucuns papiers. Gin Nakagawa était un fantôme et la reine de cœur, une légende urbaine. Non, l'existence de la reine de cœur était avérée, cette goule trancheuse de tête était, aux yeux de la CCG, bien réelle, mais Gin, elle ne l'était pas. Du moins, pas aux yeux du gouvernement. Et ça l'arrangeait bien, de n'exister nulle part. Elle se sentait bien plus en sécurité ainsi. Chasser les inspecteurs, à ses yeux, c'était bien plus dangereux que de chasser les autres goules.

- Attends, je ne me rappelle pas avoir assez confiance en toi pour te suivre, lâcha-t-elle, la voix pleine de sarcasme. Qui sait, tu veux peut-être juste me traîner à l'écart pour me bouffer ? Je ne connais même pas ton prénom.

Son sourire se fit à nouveau malicieux, alors qu'elle le regardait se détourner pour quitter la ruelle. Lentement pourtant, elle lui emboîta le pas, envoyant valser sa paranoïa pour laisser sa curiosité prendre le dessus. Son attraction du jour, qui la détournerait de la folie, elle se tenait devant elle. Elle avait éludé sa question, parce qu'elle hésitait encore à lui révéler qu'elle était cannibale. Le cannibalisme était un crime, aux yeux de certaines goules, et bien qu'il eut presque laissé entendre qu'il l'était lui aussi, Gin préférait rester sur ses gardes. Elle marcha derrière lui, en silence pendant un temps, fixait ses omoplates qui ondulaient sous le tissus à chacun de ses pas.

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Ishi Mikami




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- Attends, je ne me rappelle pas avoir assez confiance en toi pour te suivre, lâcha-t-elle, la voix pleine de sarcasme. Qui sait, tu veux peut-être juste me traîner à l'écart pour me bouffer ? Je ne connais même pas ton prénom.

Pendant un instant, je pensais qu'elle ne me suivrait pas suite à sa question qui n'était d'ailleurs pas si stupide que ça. Elle avait raison, ce genre de piège était rare mais arrivait chez les nôtres aussi, j'en savais quelque chose pour en avoir être le prédateur qui attirait sa proie. Souriant en coin en étouffant un léger rire dans ma gorge, je me dégoûtais seul. Mais la vie m'avait ainsi fait, je n'y pouvais rien. Le seul moyen d'apaiser ce démon en moi avait été de le lâcher dans les sous-terrains du 24ème sans que je ne le retienne. Elle avait raison cette fille sur le fait que ces lieux vous attiraient dans la folie mais c'est ce que j'avais cherché en cet endroit : Un lieu où ma folie serait libre et épanouie.
Ainsi, après mettre laisser déborder par mes pulsions pendant plusieurs semaines, je me sentais bien mieux tandis que j'avais également appris à en prendre le contrôle aux fils des jours.Sans compter le nombre non-négligeable de poches RC que j'avais dévoré sur mes congénères, me disais-je.

Lançant un regard au-dessus de mon épaule, je vis qu'elle me suivait finalement à ma grande surprise, croisant son regard qui semblait poser sur mes omoplates. Décidément, la journée semblait débuter avec biens des surprises tandis que je me laissais à regarder ses mèches rousses qui se balançaient à chacun de ses pas. Tiens, je n'avais jamais manger de roux.
Haussant mes épaules sans m'en rendre compte, je me repérais aux sons que j'entend jusqu'à celui d'une rivière qui passait dans les environs où nous pourrions trouver un endroit calme sur les rives ou sous un pont. Me rappelant de sa question, je me décidais à lui répondre à elle qui me suivait malgré tout.

"-Si j'avais eu envie de te dévorer, je l'aurais fait en me fichant bien du lieu. Ma dernière chasse en surface était dans un centre-commercial, en pleine ville et en pleine journée alors une ruelle comme celle-ci aurait été bien plus discrète pour moi."

Je me tournais en marchant en arrière en lui dévoilant un sourire carnassier tandis que je m'amusais à laisser mes yeux prendre leur véritable apparence, celle d'une Ghoul. Même si je ne devais point la rassurer, je n'avais aucun désir de la tuer car elle ne ressemblait tout simplement pas à mes proies habituelles.

"-Je suis un ancien de Kamakiri, un cannibale qu'on nomme le Diable Noir car j'ai une fâcheuse tendance à crucifier mes victimes la tête en bas. Et toi, qui es-tu donc ?"

Finalement, je me laissais glisser sur une pente qui menait à la berge d'un cours d'eau en bas, départageant deux quartiers et qui coulaient sereinement malgré le froid et la neige qui tombait lentement sur la ville. Mon sarouel commençait à être trempée et glaciale tandis que j'avisais les environs à la recherche d'un abris où mes vêtements pourraient sécher. Le pont au loin serait parfait puis loin de l'agitation matinal de l'arrondissement ainsi je commençais à m'y diriger en écoutant ma congénère.

"-Et toi, qui es-tu et que chasse-tu donc ? Je t'en ai pas mal révélé sur moi, ça serait sympathique d'en faire de même."

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Gin Nakagawa




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douce matinée

Il avait l'air surpris qu'elle ait finalement décidé de le suivre, Gin, faisant fi de la bienséance et de la méfiance. Elle était amusée par cet individu, et par conséquent, elle était bien décidée à profiter de cette attraction inattendue qui rendrait sa morne journée bien plus intéressante. C'était un pari risqué, de le suivre. Après tout, ils étaient tous deux cannibales, au bord du gouffre. Si l'un se mettait à sombrer dans la folie, emporté par une crise psychotique, il entraînerait inexorablement l'autre. Et si, dévorés par la démence, ils en venaient à ce battre dans un quartier aussi paisible, la CCG interviendrait sans attendre. Et surtout, ils risqueraient d'attenter à la vie d'humains, et Gin ne saurait le supporter. Elle ne se souvenait pas d'avoir déjà tué un humain. Elle en avait déjà mangé, pendant son enfance, mais elle s'était adonnée très tôt au cannibalisme, poussée par son père qui représentait encore une figure effrayante dans son esprit. En ce garçon, elle voyait presque un reflet d'elle-même. Instable, dément, cannibale. Dans ses yeux elle voyait le reflet de son âme, et c'était sans doute ce qui l'intriguait et l'effrayait en même temps.

- Si j'avais eu envie de te dévorer, je l'aurais fait en me fichant bien du lieu. Ma dernière chasse en surface était dans un centre commercial, en pleine ville et en pleine journée alors une ruelle comme celle-ci aurait été bien plus discrète pour moi.

Gin fronça les sourcils. Elle comprenait bien qu'il ait pu se laisser entraîner par la folie, perdre le contrôle, mais de là à chasser dans un lieu public, se mettant en danger et mettant en danger la vie de centaines d'humains. La rouquine se demanda un instant si elle serait capable de faire ce genre de chose, ou pire, si elle l'avait déjà fait, et qu'elle avait oublié. Les cannibales avaient mauvaise réputation parmi les goules, parce qu'ils dévoraient ceux qu'ils étaient visiblement supposés considérer comme des congénères, mais aussi à cause de cette instabilité qui leur était propre. Aucune goule avec un minimum de bon sens ne se permettrait de chasser en plein jour dans un lieu public. Il fallait être suicidaire, ou alors avoir atteint un stade avancé d'insanité pour se permettre une telle chose. Et s'il était cannibale, s'il était prêt à passer du temps en dessous pour chasser librement, alors Gin en était certaine, il était au moins aussi dément qu'elle. Son sourire carnassier, sa sclérotique qui se teintait d'un noir d'encre, tout un jeu pour l'effrayer qui la fit sourire plus qu'autre chose. Il était peut-être de ces chasseurs qui jouaient avec leurs proies avant de les achever, auquel cas elle se mettait en danger en le suivant. Mais à chaque minute qu'il passait sans l'attaquer, la menace latente s'évanouissait un peu plus, laissant à Gin un sentiment de sécurité relative, comme la certitude qu'il ne lui ferait pas de mal. Mais elle ne pouvait pas vraiment en être certaine, n'est-ce pas ?

- Hm, quel manque de retenue. C'est à cause d'événements de ce genre qu'on passe pour des sauvages.

Le masque de la moralisatrice ne lui seyait pas, c'est pourquoi elle dévoila rapidement un sourire amusé. Elle ne pouvait avoir confiance en lui, mais il en allait de même pour lui. Gin était démente, instable, manipulée par ces voix qui lui chuchotaient des messages de haine, par la voix grave, prédominante de Thanatos qui toujours la poussait à manger, à se délecter de chair, toujours plus de chair, Thanatos à qui elle sacrifiait des goules, toujours, depuis son enfance. Thanatos, comme un nouveau dieu qui par sa toute puissance régissait chacun de ses gestes. Elle pensait qu'atteindre le stade ultime du cannibalisme la débarrasserait de lui, pourtant il était toujours là, fantôme errant à ses côtés. Il était le maître, Gin était la marionnette. Si elle prenait une bouchée de sa chair, Thanatos se tairait-il ? Il ne se taisait jamais vraiment, peut-être parce qu'elle n'était pas encore assez forte, pas assez forte pour le supplanter, le maîtriser, le dominer. Il était l'incarnation de la maladie qui rongeait son esprit, qui faisait d'elle une créature lunatique à laquelle il était difficile de se fier. Elle essayait cependant de se persuader que son repas récent lui permettrait de se contrôler.

- Je suis un ancien de Kamakiri, un cannibale qu'on nomme le Diable Noir car j'ai une fâcheuse tendance à crucifier mes victimes la tête en bas. Et toi, qui es-tu donc ?

Ce nom faisait écho dans son esprit. Elle l'avait déjà entendu, on lui en avait déjà parlé, malgré sa certitude qu'elle ne l'avait jamais rencontré. Si c'était un ancien kamakiri, sans doute Anarchy avait-elle pu lui en parler, vaguement, à l'occasion. Ou alors son alias avait-il simplement été murmuré parmi les membres du groupe. Elle haussa les épaules avec nonchalance. Il commençait à se faire plus insistant, au sujet de qui elle était. Vu qu'elle lui avait dévoilé son visage, elle n'avait plus grand intérêt à lui cacher qui elle était. Elle pourrait toujours changer de masque, elle qui changeait de camouflage au gré de ses envies, mais n'importe quel kamakiri pourrait le mener jusqu'à cette goule aux cheveux roux et au masque de chat souriant. Jouer les mystérieuses, ce n'était pas son genre, mais un peu de méfiance n'était jamais de trop.

- Oh, je vois... entama-t-elle. Je suis une kamakiri, moi aussi.

Elle restait évasive, le regard attiré par l'eau qui coulait lentement, détachant les fines plaques de givre qui s'étaient formée. Quand le soleil serait levé, toute cette neige fondrait sans doute bien vite.

- Et toi, qui es-tu et que chasse-tu donc ? Je t'en ai pas mal révélé sur moi, ça serait sympathique d'en faire de même.

Il se montrait insistant, toujours plus. Le Diable Noir, qui crucifiait ses victimes. Elle n'était pas en reste, elle, la reine de cœur, connue pour les corps sans tête qu'elle laissait derrière elle les soirs où Thanatos prenait le dessus. Elle hocha doucement la tête, même s'il ne pouvait pas vraiment la voir, réfléchissant à ce qu'elle voulait bien lui dire sur elle. Il déduira ce qu'il voudra de son alias, parce qu'elle préférait ne pas s'épancher sur ses rituels de chasse que, lorsque qu'elle était plutôt saine, elle considérait presque écœurants. Au final, la reine de cœur n'avait pas grand chose à voir avec la véritable Gin. La reine de cœur, c'était cette chose qui prenait sa place pour chasser, pour manger, pour se battre, et la rouquine essayait encore de se persuader que ce n'était pas vraiment elle. Gin, c'était une personne transparente, indifférente, souvent morose. Elle s'illuminait parfois au contact des gens, ou au contact de l'art. C'était eux qui insufflaient la chaleur dans sa poitrine, comme si elle n'était qu'une carcasse creuse. Elle n'était pas fière d'être la reine de cœur, elle n'était pas fière non plus d'être Gin. Pourtant, il avait le droit de savoir, désormais, pour qu'ils se tiennent sur un pied d'égalité. Si elle faisait le choix de tout lui cacher, il pourrait devenir méfiant. Peut-être agressif. Ils étaient des cannibales, tous les deux, extrêmes dans leurs réactions.

- On m'appelle la reine de cœur. Elle marqua une pause. Je pense que tu l'as deviné maintenant, je suis moi aussi cannibale.

Elle accéléra le pas pour se mettre à sa hauteur, puis elle retira son masque qui trônait encore sur sa tête pour le ranger dans son sac à dos. Le masque retiré, une cascade de cheveux roux chutèrent devant ses yeux dans des mèches désordonnées, que Gin tenta de remettre en ordre de ses mains raidies par le froid.

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Je l'écoutais sans dire un seul mot dans une attitude indifférente, nous arrivions enfin sous le pont tandis que les rayons du soleil perçaient au-dessus des maisons et des immeubles plus loin qui montaient vers les cieux, comme des pions d'un échiquier titanesque. La Reine de Coeur ne me disait rien, me disais-je tandis que je fouillais dans les pensées- mais elle était de Kamakiri aussi. Bien que je me doutais de son penchant pour les nôtres, le fait qu'elle appartienne à l'organisation ne me plaisait pas des masses, sachant que je l'avais trahi. Elle ne semblait pas le savoir, c'était dommage car j'aurais alors eu une occasion de la tuer. Quoi que....Elle était à ma hauteur à présent, déployant ses cheveux qui étaient en bataille, si moi j'avais de nombreux épis dans mes cheveux, elle, s'était des nœuds.
Finalement, je m'allongeais sous le pont en posant mon dos contre un des piliers de bétons en soupirant tandis que je tirais mon paquet avec nonchalance pour prendre une cigarette que je coinçais entre mes lèvres. Les Humains craignaient que cela leur cause des maladies mais personnellement, mon corps se régénérait si rapidement que je n'étais encore jamais tombé malade alors je m'en faisais guère pour une chose aussi insignifiante alors que je tendais le paquet vers elle pour lui en offrir une autre. Fumer seul quand quelqu'un vous accompagnait, je n'aimais vraiment pas ça.

"-Tes yeux sont étrangement vides pour quelqu'un qui serait une Reine de Coeur. Laisses moi deviner..."

Je fronçais les sourcils d'un air songeur, exagérément tandis que je prenais mon briquer pour allumer la cigarette qui s'embrasa dans un léger crépitement avant que je n'en expire la fumée en reposant mes yeux sur celle-ci en souriant en coin.

"-Tu es perdue avec toi même, tu as peur de ce que tu as fait et de ce que tu peux faire sans te contrôler car tu es comme déchirée entre deux parties dont l'une te murmure de lâcher prise en continue pour dévorer les premiers venus, n'est-ce pas ?"

Je lâchais un léger rire qui voulait en dire long, celui qui avait vécu cela durant des années et qui avaient failli imploser de l'intérieur et baisser les bras sans qu'il ne trouve une solution. Autrefois, je pensais vraiment être l'un des rares ainsi mais après de nombreuses rencontres, je savais que nous étions tous déchirés pour de nombreuses raisons. Ce monde dans lequel nous vivons, nous forçait à être ainsi, il était erroné, imparfait. J'écoutais ses paroles en l'observant avec un calme total qui devait la changer de ces dernières rencontres pendant que je tirais plusieurs fois sur la cigarette entre mes doigts.
Derrière elle, la neige semblait en pleine danse dans les airs, tournoyant doucement aux grès des vents tandis que des voitures passaient de plus en plus aux alentours, les rires des enfants faisant échos jusqu'ici tandis que le doux son de la rivière avait de quoi apaiser même le chien le plus féroce qui rôderait ici. Levant mes yeux vers le pont, j'observais les marques que le temps avait laisser sur la pierre aux fils des années.

"-Il y a encore quelques mois, j'étais encore ainsi...Divisé. Le Diable Noir me murmurait à l'oreille sans cesse mais lorsque j'ai craqué, une amie a réussi à m'apaiser de justesse avant que je ne dérape. A présent, je me contrôle parfaitement. Ah...D'ailleurs, saches que j'ai trahi Kamakiri."

Mes yeux redescendirent sur celle-ci sans que je ne réagisse de manière menaçante mais j'étais prêt à n'importe quoi, tendu jusqu'aux bouts de mes membres.


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Gin Nakagawa




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Ils s'arrêtèrent finalement sous un pont, à l'abri de la neige dont les flocons étaient encore accrochés dans les cheveux de la rouquine, leur blancheur opalescente contrastant brusquement avec ces fils de cuivre qu'étaient ses cheveux. Une fois abritée, elle secoua sa carcasse pour déloger les derniers cristaux glacés de son manteau. De ses doigts squelettiques, elle extirpa de ses cheveux de feu un flocon translucide. Sous ce pont, ils étaient protégés du vent vif de l'hiver qui griffait sa peau trop blanche et emmêlait sa tignasse. Elle s'assit sur le sol à côté de lui, laissant quand même entre eux une illusoire distance de sécurité, contentant sa paranoïa envahissante. Ce mètre qui les séparait était insignifiant, pourtant il calmait ses craintes purement animales, cette instinct de survie angoissé qui prenait trop de place dans sa cage thoracique. Il lui proposa une nouvelle cigarette, elle accepta. Elle resta cependant un long moment sans l'allumer, tenant le poison en barre - tabac et papier, seulement, pourtant - entre ses doigts froids comme la mort. De ses yeux absinthe, elle regardait l'eau s'écouler paisiblement face à elle.

- Tes yeux sont étrangement vides pour quelqu'un qui serait une Reine de Coeur. Laisses moi deviner...

Elle releva les yeux vers lui, Gin, alors que sa présence s'effaçait presque de son esprit tant elle était obnubilée par l'eau qui s'écoule, le bruit feutré de la neige qui tombe, les rires des enfants. De sa gorge sortit alors un rire acerbe, presque morbide, un peu rauque. Elle lui prit des mains son briquet pour allumer sa propre cigarette, fixant le bout qui s'embrasait, se teintait de rouge, d'un air pensif. Il avait l'air amusé une fois encore, presque fier de l'avoir percée à jour ainsi. La rouquine se détourna de lui à nouveau, pour regarder l'eau noire. Avant de le laisser continuer, elle l'interrompit.

- Je n'aime pas dire vide. Je préfère dire plein d'éther.

C'était pareil, au fond. Elle avait beau les camoufler derrière des lentilles émeraude, c'était toujours la même chose. Elle avait ces yeux, à la couleur d'étoile éteinte, vides comme des trous noirs, absorbant avec avidité toutes les couleurs du monde pour compenser sa propre absence de couleurs. Elle se voyait grise dans le monde pigmenté. Quand il pleuvait, quand il neigeait, au moins, son monde entier, son microcosme, prenait ses couleurs. Gin prit une longue bouffée de fumée, qu'elle expira lentement, la regardait s'évanouir dans l'air.

- Tu es perdue avec toi-même, tu as peur de ce que tu as fait et de ce que tu peux faire sans te contrôler car tu es comme déchirée entre deux parties dont l'une te murmure de lâcher prise en continue pour dévorer les premiers venus, n'est-ce pas ?

Il lâcha un léger rire, un de ces rires amers de celui qui connait ça, qui comprend, qui pense mieux savoir. Il avait raison, aucun doute là-dessus. Pourtant, elle en vient à se demander si elle n'en avait pas besoin, de cette division, pour survivre. Serait-elle capable de chasser, sans cette folie destructrice qui l'animait parfois ? Aurait-elle été capable de survivre ? Thanatos était envahissant, un parasite dans son esprit, un poison qui courrait dans ses veines, pourtant il faisait d'elle la reine de cœur, combattante aguerrie, chasseuse démente, quand Gin n'était qu'une chose frêle, cassante, à l'esprit qui ployait sous la folie, et sous les contraintes de la vie à la surface auxquelles elle n'était pas préparées. Sans Thanatos, se serait-elle défaite de l'influence néfaste de son père ? Parce qu'il avait été - et était encore, ces soirs-là, où les souvenirs malsains la hantaient - un poison pire que la folie, plus virulent encore que Thanatos. Ou plutôt, il avait été le premier Thanatos, un Thanatos réel, fait de chair et d'os, qui pouvait la toucher, la frapper. Cette figure paternelle quais-divine à ses yeux lui avait brisé les os cent fois, écorché la peau cent fois, il l'avait laissée gésir sur le sol, sonnée, tellement de fois. Et la folie, Thanatos, cette voix à son oreille, il l'avait certes poussée au pire, au parricide, mais c'était aussi le mieux pour elle, la libération salvatrice, le début d'une vie ô combien plus belle.
Alors Gin avait peur de ce que la folie la poussait à faire, de ce que Thanatos la poussait à faire. Pourtant, elle avait besoin de lui, pour ces brefs instants où elle se croyait capable de tout et de franchir tous les obstacles, ces instants où elle se sentait plus forte que n'importe qui, où elle se sentait capable de faire barrage contre la vie qui la ballotte trop quand elle est lucide. Sans la démence qui parfois la libérait, lui permettait de se sentir bien, elle serait déjà morte, elle aurait implosé sous cette pression qui pesait sur ses épaules, elle se serait brisée sous les coups de son père, elle aurait été dévorée par une autre goule. La folie lui offrait ces moments cathartiques de liberté illusoire, mais aussi cette croyance féroce qu'elle pouvait défaire n'importe quoi. La démence, parfois, ça lui donnait des ailes.

- Sans doute... Elle marqua une pause pour replacer une mèche rousse derrière son oreille. Mais je pense avoir besoin de cette dissidence. Je serais morte, autrement.

Elle se sentait confuse, pourtant. Incapable de savoir si elle voulait se débarrasser de cette folie coûte que coûte, pour peut-être découvrir qui était la vraie Gin, sous toutes ces couches de folie aliénantes. Mais elle l'avait perdue, la vraie Gin, enfouie sous toutes ces couches de démence aliénante. Pourtant, elle avait peur de ne plus savoir comment faire, une fois Thanatos évanoui. Elle n'avait pas chassé ni mangé de manière consciente depuis des années, ses chasses étant toujours guidée par la folie qui trouvait son chemin, connaissait la danse, chaque geste. Serait-elle capable de chasser, d'abattre de sang-froid ?

- Il y a encore quelques mois, j'étais encore ainsi...Divisé. Le Diable Noir me murmurait à l'oreille sans cesse mais lorsque j'ai craqué, une amie a réussi à m'apaiser de justesse avant que je ne dérape. A présent, je me contrôle parfaitement. Ah... D'ailleurs, saches que j'ai trahi kamakiri.

Elle hocha doucement la tête. Sans doute y réfléchirait-elle, maintenant. Elle avait toujours vu sa démence comme quelque chose dont elle devait se débarrasser, pourtant, elle n'était plus sûre de pouvoir vivre sans elle, sans Thanatos, ombre flottante derrière sa silhouette maigre. Parce qu'en fait, Gin, elle avait peur de perdre le peu de repères qu'elle avait.
Puis la fin de sa phrase atteint lentement son cerveau, alors qu'elle réfléchissait au poids de ses paroles. Un traître, alors ? La rouquine en était désormais, il était bien le garçon dont Anarchy lui avait déjà parlé, celui qui faisait partie de kamakiri, avant, qui travaillait avec elle. C'était un traître, et donc, que devait-elle faire ? Elle n'agirait pas sans ordre de la reine Chihiro, et ses propres convictions n'étaient pas assez fortes pour qu'elle prenne l'initiative de le tuer. Devait-elle tuer les traîtres ? Elle ne se souvenait pas. Ou peut-être n'avait elle jamais su. Gin avait rejoint les kamakiri presque arbitrairement, pour suivre sa belle Anarchy. Pour avoir l'impression de faire partie d'un groupe, aussi. Mais cela s'arrêtait là. Elle aspirait à la puissance, comme beaucoup de cannibales, et ressentait une affection relative pour d'autres membres du groupe, et surtout, une admiration sans borne pour Nakada. Devait-elle tuer pour ses convictions ? Enfin, pour les convictions des autres ? Parce qu'elle n'était pas certaines de ses propres convictions, et elle n'était même pas sûre d'en avoir. Si le groupe lui demandait d'abattre le Diable Noir, alors peut-être le ferait-elle. Mais tant qu'elle n'avait pas reçu d'ordre, elle ne lèverait pas le petit doigt pour s'en prendre à lui.

- Je vois. Un traître, hein...

Elle haussa les épaules avec nonchalance.

- Pourquoi t'es remonté ici ? demanda-t-elle brusquement. La vie n'est-elle pas plus simple, là-dessous ? Manger, tuer, manger, à l'infini, sans se soucier de perdre totalement l'esprit ou non...

Gin s'interrompit. Elle n'avait aucune envie de retourner vivre en dessous, pourtant la vie ne serait-elle pas plus simple ? Si elle faisait sauter les verrous de son esprit, ouvrait la porte à toute sa bestialité, ça lui suffirait, dans les sous-terrains. Pourquoi, alors, se débattre ici ?

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- Je vois. Un traître, hein...

Elle haussa les épaules avec nonchalance, à ma surprise tandis que je ressentais une pointe de déception à cela. L'organisation ne tarderait plus à m'envoyer ses chiens de chasses pour essayer de me tuer et de me dévorer, assurément mais j'étais prêt à les rencontrer. La dirigeante m'était inconnue, je n'en avais parlé qu'en temps que rumeur et surtout sur sa puissance, je songeais à ce que sa chair pourrait m'apporter comme puissance.
La puissance, elle m’obnubilait de plus en plus jusqu'à me pousser à commettre des actes que je ne me pensais pas capable par le passé. Jusqu'où une Ghoul pouvait muté ? Quelle puissance pouvait-elle réellement atteindre ? Je désirais le savoir, quoi qu'il m'en coûte. Me détendant finalement, je baillais doucement tandis que je passais ma main dans mes cheveux sombres, en épis qui avaient depuis longtemps gagné face au coiffeur. Une véritable crinière que je n'arrivais pas à dompter.

- Pourquoi t'es remonté ici ? demanda-t-elle brusquement. La vie n'est-elle pas plus simple, là-dessous ? Manger, tuer, manger, à l'infini, sans se soucier de perdre totalement l'esprit ou non...

Haussant un sourcil, mes yeux se déposèrent sur elle avant que je ris légèrement à sa remarque. Elle m'avait surprise et elle semblait réellement se le demander comme si elle y songeait. Je déposais ma cigarette entre mes lèvres en détournant le regard vers l'herbe qui se recouvrait lentement de flocons, le ciel en était de plus en plus sombre alors que la température chutait.
Mes souvenirs vagabondèrent dans les sous-terrains, me ravivant mes dernières semaines sous Tokyo dans les ténèbres humides qui servaient de tanières aux nôtres. La nuit était sans fin là-bas, les seuls sons étaient ceux des goûtes d'eaux qui tombaient du plafond comme un compte à rebours qui ne faisait qu'accentuer l'irréel des lieux et nous faisait perdre la raison, ainsi que celui des hurlements de souffrances des victimes des catacombes ou les rires pervers des traqueurs.

"-Pitié...Arrêtes, je t'en supplie...
-De la pitié ?"


Je revoyais le visage de ma première victime en-dessous après que j'ai repris le contrôle de mon corps. Autrefois, je n'avais tué que des Ghouls qui l'avaient mérité, des meurtrières qui ne tuaient pas que pour se nourrir mais par pure plaisir jusqu'à s'en prendre à des enfants et des vieillards. Mais cette-fois-ci, tout était différent.
L'Homme qui gémissait sur le sol trempé n'avait rien fait, si ce n'est se cacher ici bas, il était faible et apeuré, loin d'être un tueur. Cependant, j'avais besoins de le dévorer, d'ingurgiter ses cellules, de m'en faire une arme. Tandis qu'il me suppliait, je le dévorais. A n'importe quel prix.

"-Je n'aime pas l'humidité, ça me rend malade."

J'affichais une moue vers la Rouquine en évitant de la regarder directement, je ne me sentais pas à l'aise avec ces souvenirs que je préférais laisser dans un côté de ma tête. De plus, je ne pouvais dire la raison à une fidèle de la Kamakiri qui risquait de dévoiler mes projets aux siens, ce n'était vraiment pas la meilleure idée.
Le temps filait de plus en plus, je m'ennuyais également. L'adrénaline de la chasse me manquait de plus en plus alors que ma faim s'éveillait également, elle ne me posait pas de soucis car je me contrôlais mais je préférais m'en servir comme moteur pour agir. Cette Reine de Coeur était jolie et curieuse mais je ne gagnerais rien à rester avec elle plus longtemps.

Alors que je me préparais à me relever pour m’éclipser, un corps roula près de l'entrée de notre cachette en gémissant. Posant mes yeux sur celui-ci, j'aperçu les longs cheveux d'une femme dont le manteau en lambeau était recouvert de son propre sang. L'alléchante odeur des Humains me vînt aux narines mais également de ghoul.
Celles-ci ne tardèrent pas à montrer leurs crocs lorsque trois silhouettes encapuchonnés glissèrent sur l'herbe jusqu'à l'humaine qui rampait vers la rivière comme pour s'y laisser emporter. C'était une idée des plus stupides.

"-Décidément..."

Ma main lâcha la cigarette qui chuta jusqu'au sol tandis que je saisissais mon masque pour le glisser sur mon visage, deux points écarlates brillant en-dessous tandis que j'avisais les intrus qui s'amusaient avec leur viande, la frappant et la dénudant sans vergogne. Avec la rivière, la neige et les voitures au-dessus, personne n'entendrait les hurlements de la femme qui faiblissaient de plus en plus.
Je me demandais encore ce que j'allais faire, l'idée de partir avant de m'embourber dans ces histoires me tenta énormément mais ce n'était sans compter les autres ghouls qui nous remarquèrent en nous dévisageant d'un air mauvais.

"-Vous n'êtes pas de notre bande, vous, pas vrai ?
-Tsah...J'aime pas dévorer les ghoul...Mais une leçon s'impose.
-Comme tu dis.
"

Celle qui restait en arrière, saisit violemment la femme par les cheveux en ricanant sombrement, il semblait être leur chef tandis que ses cheveux d'un blond pâle était attaché en une queue de cheval derrière sa tête, un masque de chien lui recouvrait le visage mais il semblait robuste et grand. Les deux autres possédaient le même masque, un sourire de monstres qui leur recouvraient que le bas de leur visage. Celui de droite avait des yeux las alors que l'autre semblait le plus joyeux de la bande. J'avais vue plus impressionnant, me disais-je en jurant.
Les deux premiers dévoilèrent leur kagune, deux blindés, avant de foncer vers nous, celui de gauche riait comme un enfant alors que son kagune avait l'apparence d'une hache, l'autre restait des plus sérieux en tendant une sorte de lame métallique. Il risquait d'être le plus dangereux tandis que j'avisais la Reine de Coeur pour voir ce qu'elle allait faire.
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Gin Nakagawa




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Il avait semblé surpris par sa question. Puis après, il resta là, à fixer le vide et l'étendue neigeuse qui s'offrait à leurs yeux désenchantés, comme s'il se perdait à nouveau dans le souvenir de ces jours noirs qu'il avait passé dans le Tokyo sous-terrain. Pendant qu'il était perdu dans ses pensées, Gin le regarda un instant, avant de tourner la tête pour se focaliser à nouveau sur les flocons qui tombaient sur l'eau et étaient dévorés par l'eau sombre. Il faisait de plus en plus froid, et le vent qui s'engouffrait par rafales sous le pont la glaçait jusqu'aux os. Il était temps de rentrer. Pas pour retrouver la douce tiédeur d'un quelconque foyer, parce qu'elle n'en avait pas, mais juste pour pouvoir dormir un peu à l'abri du vent, dans sa cachette actuelle. Lentement, une fine couche de glace se formait en bordure du canal, dessinant des fleurs de givre à la douce teinte bleutée sur la surface de l'eau. Le froid dévorant était aussi fascinant que pénible. Ce monde neigeux monochrome la captivait, bien que l'hiver se révèle un calvaire pour elle qui vivait dans la rue. Ça lui engourdissait parfois les doigts, et elle n'aimait pas ça, parce qu'après, elle se trouvait trop pataude, incapable de contrôler crayons et pinceaux.

- Je n'aime pas l'humidité, ça me rend malade.

Elle éclata d'un rire franc. C'était tellement absurde, tellement ridicule, qu'elle ne put s'empêcher de lui rire au nez. Et surtout, cela faisait étrangement écho à ses divagations. Puis un silence s'installa entre eux, signalant à Gin qu'il était temps pour elle de rentrer. Ce fût une rencontre plaisante, amusante presque, mais s'il n'avait plus rien pour la distraire, alors elle n'avait plus qu'à se volatiliser comme elle le faisait si bien. Peut-être retrouverait-elle le Diable Noir au détour d'une chasse, une nuit sans lune où l'appel du sang aura été trop fort. Elle se releva lentement, comme pour réveiller son corps engourdi par le froid.
Puis l'odeur métallique, alléchante du sang humain attira son attention. Au moment où elle tourna la tête pour déterminer d'où venait l'odeur, un corps de femme tomba, dans un bruit sec. Elle était maculée de son propre sang qui virait déjà au noir. Sous son manteau en lambeau, sa peau pale s'offrait à la vue de tous, déchirée de longues striures bordeaux. Gin contempla un instant le corps brisé de la femme, figée. Elle se demanda si elle était morte, pendant un fraction de seconde, avant de l'entendre respirer de sa respiration sifflante. Inhale, exhale, difficilement. Elle avait l'air tellement fragile, éclatée là sur le sol, rampant pour s'en sortir. Tellement frêle. Un instant, Gin fut renvoyée à son enfance, à sa propre fragilité, à ces nuits où elle était à sa place, pleurant sur le sol en essayant de se soustraire aux coups de son père.

- Décidément...

La voix grave d'Ishi la ramena brusquement à la réalité. Elle jaugea du regard les trois goules qui se tenaient devant eux, un mépris certain perçant dans son regard vert. Trois goules pour chasser une simple humaine, le ridicule de la situation était poignant pour elle qui avait toujours chassé en solitaire, et qui avait toujours chassé d'autres goules. Avec un soupir las, elle couvrit son visage de son masque au sourire malsain. Ils étaient visiblement assez faibles, trois petites frappes qui se reposaient sur les cellules RC qui leur avait offerte la nature. C'était précisément ce genre de comportement que la rouquine méprisait chez les siens. Ceux qui se sentaient forts en tuant des humains, ceux qui étaient exaltés par la souffrance des plus faibles. Se mêler des histoires des autres ne l'emballait pas vraiment, pourtant les cris de cette femme et sa souffrance qui faisait écho à la sienne ne la laissait pas vraiment insensible. Ou du moins, pas autant qu'elle ne voulait bien le laisser paraître. Elle hésitait encore quand les trois goules leur jetèrent un regard mauvais, visiblement prêts à en découdre malgré leur infériorité manifeste. Des goules qui s'alliaient pour tuer une humaine, comme s'ils avaient une misérable chance contre deux cannibales. Ou même rien qu'un d'entre eux.

- Vous n'êtes pas de notre bande, vous, pas vrai ? - Tsah... J'aime pas dévorer les goules...Mais une leçon s'impose. - Comme tu dis.

La rouquine fit la moue, agacée par leur manque de discernement qui les précipiterait sans doute à leur perte. Quel gâchis. Elle n'avait même pas faim. A la dérobée, elle jeta un regard au Diable Noir qui ne semblait visiblement pas prêt à se volatiliser, comme elle l'avait envisagé. Gin détailla les adversaires qui se tenaient face à eux. Un moment d’inattention, les sous-estimer, cela pouvait lui coûter la vie. Si elle se demandait parfois si la mort était si dérangeante que cela, il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elle ne comptait pas crever sous un pont, tuée par des petites frappes à cause d'une erreur d'inattention. Ce n'était pas digne d'elle. Un chef se discernait dans le trio, homme aux cheveux clairs et de haute stature, au masque canin. En retrait, il semblait prendre un sombre plaisir à malmener l'humaine qui n'avait même plus la force de crier. Pauvre, faible créature. Les deux autres arboraient des masques similaires, tandis que leurs personnalités semblaient aux antipodes. La lassitude de l'un contrastait vivement avec l'exaltation de l'autre. Rien de bien incroyable aux yeux de la reine, qui sortait d'une chasse endiablée avec une goule qui lui apparaissait comme plus forte qu'eux. Restait à déterminer le type de leur kagune. Une écailleuse pourrait éventuellement lui poser problème, fatiguée qu'elle était de sa nuit sans sommeil.
Thanatos sifflait déjà à son oreille, comme le serpent à l'oreille d'Eve.
Ils attaquèrent les premiers, dévoilant deux kagune blindés qui tirèrent à Gin un rire méprisant. Des blindés, comme elle, à la lenteur manifeste de leur manque d'entrainement, à ses yeux. L'un des deux amas de cellule prenait la forme d'une longue lame, dont le manieur semblait garder la tête froide, au contraire de son allié qui ne cessait de rire en agitant sa hache cellulaire. Devait-elle déployer son propre kagune ? Devait-elle jouer un peu, en finir vite ?

- Quelle galère, hm ? Un soupir franchit à nouveau ses lèvres roses. J'ai vraiment la flemme.

Elle s'était décidée. Elle voulait en finir vite, et rentrer dans le treizième, où elle profiterait d'une sieste bien méritée après cette longue nuit. Mais la matinée, elle aussi, s'annonçait plus longue que prévue. Gin retira son manteau, qu'elle laissa s'échouer sur le sol. Brusquement, son kagune noir d'obsidienne creva sa peau sous son omoplate, enveloppant son bras droit d'une longue épée sombre. Le bouclier qui couvrait habituellement son bras gauche, elle ne comptait pas le dévoiler, fierté déplacée, ou profond mépris pour ses adversaires. La goule à la hache fut celle qui s'en prit à elle. La rouquine esquiva le premier coup avec cette vivacité qu'elle avait acquis au prix de longs entraînements douloureux. Eux, qui n'avaient pas souffert, comment pouvaient-ils prétendre atteindre son niveau ? Hautaine, trop hautaine. Ça la rendait comme ça, les combats. Méprisantes.
De son kagune métallique, elle creva le ventre de la goule à la hache, y perçant un trou béant. Pas assez profondément, cependant, pour l'empêcher de se régénérer, selon son jugement altéré par des années de cannibalisme. L'odeur du sang de goule, l'odeur de la chair l'exaltait déjà, malgré son récent repas. Thanatos, elle l'entendait jubiler dans son esprit. Mais Gin ne voulait pas perdre le contrôle. Pas encore.  


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Plissant mes yeux sous mon masque, j'observais la Reine de Coeur dévoilait son kagune qui prit la forme d'une lame sombre aux allures tranchantes et destructrices. Souriant en coin sous mon masque, j'observais nos attaquants par la suite en me demandant si je participais à une réunion de blindé et que j'en étais l'invité d'honneur mais le vil sourire de celui qui restait en arrière me ramena à la réalité. D'expérience, je savais que celui qui observait, était souvent le dirigeant mais également le plus fourbe et puissant du lot, peut-être cherchait-il à nous évaluer avec ses deux sbires ? Mais hélas, des blindés ne risquaient pas de m'atteindre gravement même si je ne déployais pas ma pleine puissance.
Celui qui maniait une hache chercha à s'en prendre à la Rouquine qui fit la démonstration de sa vivacité qui n'était guère commune chez ces lourdeaux de blindés, à ma surprise avant de frapper à son tour en déchirant la chair de son adversaire d'un seul coup. Pas mal...

"-Regardes donc devant toi, imbécile..."

Mes yeux filèrent vers la silhouette de l'autre ghoul qui me lançait son regard las tandis que son kagune filait vers mon ventre dans un sifflement aiguë en déchirant l'air, des flocons glissant sur la lame de RC qu'il maniait avec maîtrise. Avec un rictus sur les lèvres, je décidais de m'amuser avec celui-ci plutôt qu'en finir rapidement en lui laissant espérer me vaincre.
Un flot de sang jaillit sur le sol et mon masque lorsque son kagune me perça l'estomac en déchirant l'arrière de mon dos avant qu'il ne me l'arrache d'un geste sec et venir me trancher le torse en lâchant un soupire digne de l'intello qui semblait être. Titubant comme si j'allais m'écrouler, je ne pouvais hélas empêcher un rire sadique s'échapper de mes lèvres alors que je relevais mon masque pour lécher mon propre sang sur ma main.

"-J'ai vraiment un goût délicieux, tu m'as presque fait mal !
-Arrêtes donc de jouer au plus malin, tu tiens à peine debout..."

Mon adversaire m'observa de haut derrière ses lunettes en préparant un ultime coup pour en finir avec moi, sans penser un seul instant qu'il allait échouer. A vrai dire, même sans jouer la comédie, les blessures qu'il m'avait fait, aurait eu raison de nombreuses personnes mais il était sur le mauvais adversaire. Si ma puissance était d'un niveau moyen pour les écailleuses, ma régénération était exceptionnelle.
Bondissant vers moi en soupirant, levant son kagune sur le côté pour le déchainer d'un tranchant horizontale vers ma nuque, sa vitesse n'était pas égale à une ailée et encore moins à une écailleuse. Tournant mon pieds droit sur le sol avant de pousser en avant avec ma jambe, j'évitais le coup sans difficulté tandis qu'il clignait des yeux en apercevant mon ventre déjà refermé alors que je lui souriais pleinement.

"-Qu..."

La sensation de ma chair qui se déchirait au niveau de mes reins, cette sensation qui me faisait penser à celle qu'on ressent en arrachant une aiguille de sa chair, me procura le plus grand des plaisirs quand mon kagune se déploya de six queues aux teintes écarlates et à leurs extrémités sombres à la forme de crochet qui filèrent pour s'enrouler autour des membres de mon ennemi en le paralysant dans les airs.
Avant qu'il ne puisse réfléchir à sa situation, les deux branches restantes dans les airs de mon membre RC vinrent le transpercer de part en part au niveau de son ventre alors qu'il poussait des cris d'agonies, les crochets attrapant ses boyaux pour les arracher de son corps et déchirer sa chair et ses muscles. Contrairement à sa lame, mon kagune ne perçait pas proprement mais avait tendance à s'accrocher à tout.

"-Ne cherche même pas à espérer, ni prier car ton corps, comme ton âme, m’appartiennent tout deux à présent..."

Souriant en coin, je le propulsais violemment vers le pilier du pont qui était le plus proche où il s'écrasa dans un son d'os brisés tandis que mon kagune rampait vers sa proie avant de s'enfoncer entre ses épaules en quête de sa poche RC. Une astuce qu'une ghoul m'avait donné dans les sous-terrains.
Avant que je n'arrive à l'arracher, plusieurs lames de RC filèrent dans ma direction, si rapidement que je n'en vis que des reflets dans les airs alors que je bondissais pour essayer de m'en échapper le plus possible mais je n'avais pas été assez rapide où plutôt n'en avais-je pas eu le temps.

"-Merde..."

Ma main droite glissa vers l'une des pointes de RC qui s'était enfoncé dans mon torse en plein dans un de mes poumons alors que mon kagune se rétracta autour de moi comme les bras aimant d'une mère cherchant à défendre son enfant. Plissant mes yeux, j'arrachais le projectile alors que mon corps se régénérait en extirpant de lui mêmes les autres lames de ma chair. J'avais évité le pire mais mon poumon était percé, j'étais à bout de souffle en conséquent pour l'heure.
Mes yeux ne quittaient cependant plus l'origine de cette attaque surprise qui avait lâché la fille sur le sol en déployant deux ailes de RC devant lui en souriant d'un air mauvais dans ma direction. Où en était donc la Reine de Coeur ?
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Gin Nakagawa




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Elle détourna un instant les yeux de son adversaire pour regarder comment le Diable Noir s'en sortait. Il avait finalement pris part au combat, forcé ou par choix, Gin s'en fichait un peu au fond. Elle était trop fatiguée pour gérer seule les trois imbéciles, et lui était presque reconnaissante d'être resté. Il était vif, prouvant bien à la rouquine qu'elle ne s'était pas trompée sur son niveau. Il s'était débarrassé de son adversaire sans difficulté, semblant presque s'amuser lui aussi, de la faiblesse des deux goules qui s'en étaient prises à eux. Elle se félicita de n'avoir pas cédé à Thanatos, au moment de leur rencontre, parce que face à une écailleuse de son niveau, elle y aurait laissé quelques plumes, si ce n'était la vie. Gin, elle aimait ce genre de jeux, habituellement, mais elle n'en était pas friande après avoir passé la nuit à courir dans la ville à la lumière des rayons de lune.
Le Diable Noir, goule écailleuse.
Il valait mieux ne pas s'en faire un ennemi.

- Tu ferais mieux de ne pas détourner les yeux !

Le coup fut plus rude que prévu. Le kagune métallique de son adversaire creva sa chair juste sous ses côtes. Quelques gouttes du sang rougeâtre de Gin coulèrent sur le sol, le long de la hache sombre de son ennemi, gangrenant l'air d'une odeur âcre qu'elle connaissait trop bien. Quand il tenta de frapper à nouveau, elle para sans mal de son bras gauche, recouvert alors d'un bouclier de cellules noires. Et elle riait, elle riait, elle riait. Tellement détraquée, tellement amusée par cet ennemi qui pensait avoir une chance de la blesser pour de vrai. Déjà, les cellules RC qui coulaient à flot dans son corps reconstituaient ses tissus et sa peau claire, ne laissant pour seule trace de la blessure que le trou dans son t-shirt et le sang sombre qui maculait le tissus.
Elle attendit qu'il frappe à nouveau pour détourner son attaque avec son propre kagune, le déséquilibrant. Il lui offrait ainsi son dos, vierge de toute protection. Gin ne flancha pas, n'hésita pas, crevant sa poche RC de son épée d'onyx en un coup franc. Elle sentit la lame crever sa peau et sa chair, elle entendit ses os craquer sous l'assaut de l'arme d'acier. La mélodie des os qui chantent, ça la rendait toujours extatique. Elle se raccrochait pourtant désespérément à ce dernier fil qui la reliait à la lucidité totale, qui lui permettait de faire abstraction des murmures de Thanatos et de toutes les autres voix. Je n'ai pas besoin de la reine de cœur.
Elle balança son ennemi un peu plus loin. Elle avait frappé sous l'omoplate, éclaté ses côtes, transpercé de part et d'autre. Elle avait sans doute perforé ses poumons. Peut-être son cœur ? Elle n'avait jamais été très douée en anatomie. L'heure du repas, l'heure du repas, l'heure du repas. Gin n'avait pas faim. Mais peut-être devrait-elle tout de même manger sa poche ? Ne jamais cracher sur des cellules supplémentaires. L'afflux de cellules, comme une drogue qui coule dans ses veines, qui la fait se sentir vivante, vibrante. Tellement moins creuse.

Son hésitation fut interrompue par des lames de cellules qui éraflèrent sa peau, se plantant profondément dans la chair de sa cuisse droite et dans son ventre. Elle replia son bras gauche devant elle, bouclier d'acier qui la protégerait d'autres éventuel projectiles. Une ailée. Rien qu'une ailée ! Il allait devoir s'approcher s'il voulait abîmer la rouquine. Son kagune blindé lui donnait un avantage indéniable sur cette dernière goule. Elle jeta un regard au Diable Noir, dont les appendices s'étaient recroquevillés pour couvrir son corps des projectiles. Gin rétracta son épée noire, pour retirer de sa main droite les amas de cellule fichés dans ses chairs.

- Je te le laisse ? lança-t-elle en direction du Diable Noir. Je suis fatiguée.

Capricieuse. Désintéressée. Elle déploya à nouveau sa lame d'obsidienne, pour retourner s'occuper de son premier adversaire. De la pointe de son kagune, elle poussa le corps encore chaud de la goule. Il gémissait un peu. Bientôt, il serait mort. En un coup net, Gin lui trancha la tête, qui se détacha dans un craquement morbide. Les yeux las, elle la regarda rouler à quelques pas du corps. Son regard vert se posa ensuite sur l'humaine figée par la peur. Que faire d'elle ? La logique voudrait qu'elle la tue. Ça serait dangereux, de la laisser comme ça, partir. Pourtant, la rouquine refusait de tuer les humains si fragiles. C'était injuste, à ses yeux utopistes. Pourtant, elle n'était pas sûre de vouloir risquer sa sécurité relative pour ses principes.
La rouquine décida qu'elle en parlerait avec le Diable Noir, quand l'affrontement serait terminé. Il avait, après tout, le droit de décider, lui aussi. Gin se détourna alors de l'humaine, pour voir comment il s'en sortait avec l'ailée.

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- Je te le laisse ? Je suis fatiguée.

Glissant un coup d'oeil entre mon kagune, j'observais la Reine de Coeur d'un air abasourdi mais également intéressé à la vue de son autre kagune en forme de bouclier. Franchement, je n'avais pas vraiment envie de me fatigué plus que ça alors que je vidais mon poumon du sang qui le gonflait, l'expulsant entre mes lèvres. Mon torse me chauffait comme si il était en fusion mais ma blessure était déjà refermée.
Soupirant, j'avisais donc mon dernier adversaire qui préparait une rafale vers mon alliée de fortune d'un air furieux, sûrement n'avait-il pas prévu que celle-ci possède deux armes différentes et aussi complémentaire sur elle. Moi non plus, à vrai dire mais je ne craignais pas celle-ci pour autant.

"-A ta guise."

Bondissant dans un nuage de poussière, je déployais mon kagune autour de moi alors que l'Ailée décida finalement de me viser de pleins fouet plutôt que de risquer un tir sur la Blindé qui ne semblait plus désirer combattre. Que devais-je faire ? Je pouvais me prendre la majorité des projectiles sans en mourir mais je n'avais pas envie de souffrir inutilement.
Mes queues d'écailleuses sifflèrent dans les airs en déviant les lames de RC de leur trajectoire tandis que notre ami bondissait en arrière en déployant ses ailes avec plus de vitesse que je n'en avais, évitant ainsi mes crochets de justesse à ma grande frustration. M'arrêtant pour calculer ma prochaine attaque, le haut que m'avait offert la Reine de Coeur pendait en lambeau dans mon dos, là où mon membre RC avait jalli ainsi que là où les lames ennemis avaient déchiré mon corps.
Le sang, encore humide et chaud, contrastait avec les flocons de neiges qui tombaient sur mon corps alors que le vent soufflait fort en dehors de l'abris qu'offrait le pont. Mais je n'avais pas froid, avec l'effort actuel, mon corps était chaud et je me sentais bien.

"-Pitié...Aidez moi...Aidez-moi..."

La Femme rampa vers moi en s'accrochant de ses mains sur mes jambes, des larmes coulant sur son visage qui était défiguré par sa détresse. Beaucoup de Ghoul aurait eu pitié d'un tel repas, j'imagine, et je n'avais qu'une seule envie en la voyant comme cela : Massacrer celui qui en était la cause.
Dans un bruit écœurant de chairs déchirer et du sang qui gicle, le corps de la Femme s'éleva au-dessus de l'eau avant que mon Kagune ne se convulse pour la balancer dans la rivière après lui avoir arracher le coeur qui palpitait encore sur le crochet. Elle n'avait pas à survivre, elle risquait de causer plus d'ennuis que d'en résoudre.

"-A toi, à présent."

Mon adversaire chercha cependant à fuir plutôt que de combattre, sa vitesse jouait en sa faveur mais ne lui servit à rien. Dans un sifflement strident, des lames de RC s'enfoncèrent dans ses jambes et ses bras, le clouant dans l'herbe enneigé qui se teinta d'un flot écarlate, la neige fumant doucement.
Avant cela, j'avais saisi les projectiles de la Ghoul avec mon propre kagune pour le transpercer à distance, une attaque digne d'une Ailée. Pour quelqu'un qui avait l'habitude de crucifier ses victimes, ce n'était pas difficile de réussir une attaque à cette distance.
D'une simple poussée, je sautais vers ma victime en m'agenouillant vers celui-ci, qui cherchait à s'arracher de ses propres lames avant de m'observer avec panique et de tenter une attaque à bout portant mais seul son cris résonna lorsque je lui arrachais ses poches RC de mes crochets.

"-Trop faible, trop vulnérable...Le prédateur qui devient la proie, n'est-ce pas amusant ? Tu désirais manger quelqu'un de plus faible que toi, non ? En ce cas, tu ne m'en voudras pas de faire de même en te bouffant."

Lui souriant en coin, je transperçais son corps de mon kagune violemment, lui arrachant une foule de hurlements de souffrances avant de commencer à dévorer son dos en le gardant vivant, arrachant ses chairs comme ses poches de RC. Mais ses cris se turent rapidement à ma grande déception.
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Gin Nakagawa




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Il l'avait achevée, sans une once d'hésitation. Gin avait cru un instant que comme elle, le Diable Noir serait prêt à faire preuve de clémence à l'égard de l'humaine. Mais il avait crevé sa cage thoracique en un battement de cil, arrachant son palpitant sans frémir et le broyant en une pression de son kagune. S'en était fini pour elle. Avant même que Gin n'ai pu lever le petit doigt, son cœur meurtri dérivait déjà dans l'eau glaciale, teintant d'un rouge diffus la rivière translucide. Bientôt, elle ne fut plus qu'une ombre, quelques ondulations à la surface, un souvenir moribond. Évanouie dans l'air hivernal. Fragile, si fragile.
Elle était déchirée, Gin, entre son affection pour l'humanité et la conscience que cette femme en vie les aurait mis en danger. Il n'avait pas été cruel, elle avait à peine eu conscience de mourir. Nécessaire, c'était nécessaire. En un claquement de doigt, c'était fini, et elle n'avait pas eu la moindre chance. Devait-elle le blâmer ? Le blâmer alors qu'elle aussi avait pensé à l'achever ? Elle avait vu leur visage, elle était terrorisée, elle se serait précipitée à la rencontre des Colombes, les dénonçant tous sans distinction entre ceux qui l'avaient sauvée et ceux qui l'avaient torturée. C'est pour le mieux ainsi.
Pourtant son visage terrifié hantait toujours l'esprit de Gin.

- Était-ce bien nécessaire d'en finir avec elle ?

Une question, presque une affirmation au fond, balancée au vent, ne servant qu'à se convaincre elle-même. Elle connaissait déjà la réponse, mais elle pensait sans doute que si la vérité passait les lèvres du Diable Noir, elle serait plus réelle. C'était elle ou eux.
Gin, elle ne prêtait pas attention aux hurlements lugubres du tortionnaire devenu proie, ne doutant pas qu'il n'avait eu que ce qu'il méritait. La douleur cuisante. La mort, froide et vide. Elle laissa le Diable Noir se délecter de sa maigre proie, déjà noyée dans les eaux noires du Styx. Faible, si faible. La neige était tachée de rouge, un rouge si vif qui tranchait avec le blanc opalescent qui recouvrait le sol, fleurs cramoisies qui seraient bientôt les derniers vestiges du massacre qui venait de s'opérer. D'un coup de pied, Gin envoya valser dans la rivière la tête de l'homme qu'elle avait abattu, et balançant à sa suite le corps qui perdait peu à peu de sa chaleur. Puis les bruits de la ville qui s'éveille s'imposèrent à nouveau à elle, comme un brusque retour à la réalité. Elle regarda autour d'elle. Elle se tenait là, debout dans la neige souillée, au milieu du théâtre macabre de leur tuerie tout juste achevée.
Il fallait partir.
Il était temps pour eux de détaler, laissant pour seules traces de leur passage le sang qui serait bientôt recouverts par l'hiver et la neige qui tombait abondamment du ciel monochrome gris. La rouquine s'approcha du Diable Noir, posa une main froide comme la mort sur son épaule.

- Il faut partir.

Elle était encore lucide, presque fière de ne pas s'être laissée emporter, retenue à la raison par son récent repas. Ils étaient trop exposés, ici, alors il leur fallait ré-endosser le rôle de la proie qui se cache, du monstre qui grouille dans la ville. Il leur fallait redevenir des fantômes jusqu'à leur prochaine chasse, ne pas rester là dans cette étendue blanche qui révélait au grand jour les restes de bataille. La tuerie était trop évidente, le sang trop en vue.
Elle restait debout à côté de lui, ne sachant pas vraiment si elle devait partir ou rester là. Il n'était de toute façon plus question de l'attendre pour récupérer son sweat en lambeaux, déchiré comme du papier par le kagune du diable. Gin se détourna alors, et récupéra son manteau échoué sur le sol, saisie brusquement par le froid qui la mordait jusqu'au os. Puis elle attendit encore, ses cheveux roux dansant dans la tempête comme un feu-follet dans les abysses.

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Mes dents s'enfonçaient dans sa chair avec plus de difficulté que celle des Humains mais elle était bien assez tendre ainsi. A chacune de mes bouchées, je ressentais comme des électrochocs dans mon corps qui retrouvait une énergie débordante que les poches RC de la Ghoul ne faisait qu'accentuer. L'odeur du sang m'envahissait pleinement l'odorat avec son arôme de fer et également celui propre à ma proie, me faisant songer à ce que les Humains appelaient des steaks.

"- Il faut partir."

La voix de la Reine de Coeur me sortit de mon repas ainsi que de mes pensées tandis que je relevais les yeux en observant les environs, saccagés et imbibés de sang, il était clair que la Police ou le CCG seraient rapidement sur les lieux. Cela ne passait pas invisible, loin de là. Soupirant, je me relevais en essuyant ma bouche avec la manche du vêtement en lambeau qui me tenait encore chaud même si mon corps était ardent après ce combat, même si il était risible.
Partir ? Mais où ? Je n'en avais pas la moindre idée alors que je regardais le ciel nuageux, les flocons se déposant sur mon visage en fondant, des fils d'eaux me glissant jusque dans la nuque en provoquant un léger frisson. Elle avait repris son manteau lorsque je reposais mes yeux sur elle, semblant m'attendre ainsi je m'avançais près d'elle pour la suivre.
Pourquoi le suivais-je d'ailleurs ? Quelques minutes plus tôt, je songeais à la laisser seule cependant je n'avais pas d'endroit où aller pour le moment et peut-être aurait-elle des vêtements de rechanges ? De plus, elle m'intriguait. Je ne connais pas grand chose sur les miens, j'étais surpris par les ghouls de feux depuis que j'en avais rencontré et que j'en étais devenu une mais je n'avais pas encore vue deux kagunes chez l'un des nôtres. J'aimerais savoir comment elle avait réussi.

"-As-tu une idée d'où aller, Reine ?"

Je l'observais tandis que je marchais à sa gauche, à sa hauteur alors que j'abaissais à nouveau mon masque. Niveau discrétion, le sang sur nous n'allait pas nous aider et je ne désirais pas qu'on découvre mon visage dans le secteur. Franchement, j'aurais préféré évité ce bain de sang en pleine journée.

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Il avait enfin levé les yeux, tiré de son repas et de ses pensées par l'intimation à partir de Gin. Il avait l'air pensif. Presque hésitant. Preuve qu'aucune confiance n'était véritablement établie entre eux, et que la rouquine n'était pas la seule à rester sur ses gardes, méfiantes. Ils étaient comme deux bêtes sauvages, à se jauger ainsi, se demandant si l'autre serait un allié ou s'il le poignarderait dans le dos. La méfiance était de mise, chez les goules, encore plus chez les cannibales, comme eux. Plus encore chez deux cannibales qui n'appartenaient pas au même groupe. Il avait tourné le dos aux kamakiri, et si Gin n'y prêtait pas véritablement attention, cela annulait malgré tout la notion de bonne conduite qui les forcerait à ne pas s'entre-tuer pour se bouffer. Si la rouquine s'était un peu détendue depuis qu'il avait décidé de combattre avec elle, elle n'en était pas moins sur ses gardes, poussée par sa paranoïa à ne jamais se reposer sur sa première impression. Il n'avait pas l'air foncièrement mauvais, le Diable Noir. Mais elle ne pouvait pour autant lui offrir une confiance aveugle.

- As-tu une idée d'où aller, Reine ?

Gin réfléchit un instant. Devait-elle le mener à sa planque ? Elle n'avait nulle part d'autre où aller. Elle ne pouvait pas aller chez Anarchy, et lui ramener un cannibale vagabond sorti d'on ne savait trop où. Et puis, elle voulait se changer, elle aussi, abandonner ses vêtements imprégnés de sang dont l'odeur métallique lui faisait tourner la tête. Elle pouvait toujours le mener à l'appartement qu'elle squattait en ce moment, et changer de planque une fois qu'il serait parti. Gin, elle n'était pas attachée aux lieux, ni aux choses matérielles, alors elle n'avait aucuns remords à l'idée de quitter son lieu de vie, toujours temporaire. Ça avait du bon, de vagabonder, parfois. Pas vraiment en hiver, surtout en ce moment où la neige recouvrait Tokyo, mais quand le climat était plus doux, elle aimait presque vraiment être aussi libre.
Lentement, ils s'étaient mis en marche, quittant la scène ensanglantée côte à côte.

- Tu n'as nulle part où aller ?

Simple curiosité, peut-être un peu déplacée. Elle se doutait déjà de la réponse, cependant. S'il remontait tout juste des sous-terrains, si elle l'avait trouvé là, torse nu en plein hiver, alors il ne devait sans doute pas avoir de point de chute à la surface. En-dessous, c'était différent. Très différent. On oubliant tout du monde extérieur, là-bas. Les jours, les mois, les saisons. Le jour et la nuit se mêlaient jusqu'à devenir impossible à distinguer. Le chaud, le froid, ça n'existait pas vraiment. Il n'y avait que cette tiédeur moite qui emplissait l'atmosphère, qui vous prenait à la gorge, vous oppressait. Il n'y avait ni pluie, ni neige, ni soleil, juste la noirceur constante, l'humidité aussi. Alors quand, après des mois en dessous, on rejoint la surface, plus rien n'a de sens, plus rien n'est logique. Le froid en hiver, les rayons du soleil. Tant de choses oubliées qui se rappellent à votre esprit. Et surtout, la vie d'humain, la vie de proie. Dans les sous-terrains, il n'y avait pas besoin d'un toit, pas besoin de vêtements chauds, pas besoin de se cacher des humains. Et surtout, les colombes étaient des oiseaux rares, là-bas, surtout dans les niveaux les plus profonds.

- On ne doit pas être très loin de ma planque. Là-bas, je pourrais te donner des vêtements propres.

Elle trouverait bien un t-shirt, un pull trop grand à lui offrir pour le protéger de l'hiver. Avec ça, il pourrait disparaître de sa vie sans laisser de trace, laissant cette tuerie s'évanouir avec le temps, quitter son esprit. Elle ne voulait pas être hantée par le visage désespéré de l'humaine qu'il avait abattue. Gin, elle en avait assez des fantômes.

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Ishi Mikami




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Un endroit où rentrer ? Un chez moi ? J'avais encore souvenir de ce sentiment de sécurité, de bien être qu'on pouvait avoir dans un tel lieux, son foyer. Pourtant, ce n'était qu'une illusion et celle-ci pouvait se briser si facilement que s'en était risible. Non je n'avais plus aucun endroit où aller mais cela ne me dérangeait pas, la liberté était plus agréable pour moi que d'avoir un chez moi où rentrer.

"-Non, je n'ai aucun endroit où rentrer."

Haussant les épaules, je continuais à la suivre en me fiant à elle pour l'heure, je n'avais rien d'autre à faire de toute façon. Ensuite, que devrais-je faire ? Je ne pouvais pas rester plus longtemps que nécessaire en sa compagnie en vue de son lien avec Kamakiri, cela risquait d'être trop dangereux. J'avais également mes propres projets à mener et le temps me manquait déjà pour ceux-ci, il fallait que je m'active.

"- On ne doit pas être très loin de ma planque. Là-bas, je pourrais te donner des vêtements propres.
-Tu n'as pas de famille d'ailleurs ?"

L'avisant derrière les deux minces fentes de mon masque pour la vue, elle ne pouvait voir un léger sourire en coin sur mes lèvres. Le sujet des familles chez les Ghoul étaient toujours amusant à lancer, généralement s'était là un sujet tendu encore plus chez les cannibales. Pour ma part, cela ne me faisait ni chaud, ni froid mais que depuis quelques années à peine. Lorsque j'avais perdu ma famille, cela m'avait brisé psychologiquement jusqu'à créer ma deuxième personnalité : Le Diable Noir.
Cet être qui vivait dans mon esprit avait réuni toutes mes plus sombres émotions pour se donner vie, me murmurant pendant des années à l'oreille ses sombres dessins. Si pour ma part, j'avais souhaité vivre une ville le plus proche de la normalité en suivant mes études et me cachant, le Diable lui aurait préféré baigner dans une mer de sang.
A présent, tout était si différent. Plutôt qu'essayer de le contenir, j'avais simplement accepter cette partie de moi même, le Diable Noir n'était qu'une partie de mon esprit ou plutôt était-ce moi. Sans lui, j'aurais sûrement perdu la vie depuis longtemps, sans lui je n'aurais jamais eu la force d'aller aussi loin...Mais je devais également rester lucide. Je savais que la folie pouvait toujours prendre le dessus si un événement me bouleversant arrivait, je restais donc vigilant.

"-Je n'avais encore jamais vue de Koukakou avait deux kagunes ainsi. Complémentaire, manier parfaitement...Même si je ne connais pas cette Reine de Coeur, je ne peux pas l'imaginer comme une simple Ghoul."

Mes pas étaient léger, mes pieds nues ne semblaient pas se soucier du froid de la neige, ni des éraflures qui se refermeraient rapidement si elles devaient arrivées. Pour ma part, le froid endormait de toute façon toute douleur que j'aurais pu ressentir à ce niveau-là alors que je gardais mes mains dans les poches de mon pantalon, au chaud. Quelques passants nous dévisagèrent dans les alentours en voyant nos masques ainsi que l'état de nos vêtements, nous pointant alors du doigt.
Je m'en fichais, la Police serait inutile face à nouveau et pour le CCG ? Il arriverait bientôt mais nous ne serons plus là, comme toujours. Pour l'heure, la Reine de Coeur m'intéressait de plus en plus mais je me doutais qu'elle ne me révélerait rien sur elle...Il me faudrait faire mes propres recherches. A qui m'adresser pour cela ? Je trouverais bien, on trouvait toujours dans Tokyo si on le voulait vraiment.

"-Nous devrions accélérer avant que le CCG n'arrive dans les parages. Nous pourrions passer par les sous-terrains ? Tu semblais les connaître en plus de cela et j'imagine mal les Colombes nous y poursuivent sans un plan soigneusement préparé. Ainsi, nous pourrions arriver chez toi sans laisser de piste derrière nous."

L'idée d'un affrontement contre les Colombes n'étaient pas pour me déplaire même si le combat précédent m'avait en partie calmer. Si ce n'était pas la folie qui me rongeait à présent, c'était bien autre chose. Comme si mon Kagune était surchargé en faisant gonfler mes poches à mes reins, cela me démangeait sans cesse et je ne voyais qu'une seule façon de m'en soulager : Me battre. C'était comme avoir une batterie en surcharge dans le corps, c'était grisant mais je m'y faisais.
Ressentait-elle cela ? J'observais ses cheveux d'un roux éclatant alors qu'elle marchait près de moi, elle n'était pas faible, j'en étais certain à présent. A vrai dire, je me demandais si elle ne me surpassait pas...Ce qui voudrait dire que je marchais avec un Monstre même pour un Monstre. Ces yeux étaient si vide...Qu'avait-elle vécu et que vivait-elle encore ? Qu'elle forme prenait donc sa folie ?
Il y avait un moyen facile d'en avoir le cœur net, tel un serpent, mon kagune remua sous ma peau mais ne la déchira pas cette fois alors que je reprenais mon calme. J'avais besoins d'elle puis cela aurait été stupide de provoquer un combat ici même alors que le CCG ne tarderait pas. Ensuite, je n'avais pas pour l'heure envie de la tuer mais si elle cédait à sa folie, aurais-je le choix que de tenter de l'abattre pour ma propre survie ? Survivrais-je d'ailleurs ?
Soupirant, je la suivais sagement jusqu'à sa planque en la laissant choisir l'itinéraire.
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Gin Nakagawa




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- Non, je n'ai aucun endroit où rentrer.

Gin se contenta de murmurer « Je vois. » du bout des lèvres. Rien ne la surprenait vraiment dans sa réponse. Les goules errantes étaient plus nombreuses qu'il n'y paraissait, tapies dans l'ombre de Tokyo et se mouvant à la faveur de la nuit. Comme elle. Des goules qui remontaient à la surface sans vraiment avoir d'endroit où aller, comme des insectes irrémédiablement attirés par une lumière trop vive, il y en avait des tas. Parce qu'errer à la surface valait toujours mieux que de grouiller en-dessous. Là-bas, c'était l'enfer pour qui n'était pas assez fort pour se battre, pour les écraser. C'était de la force physique, qu'il fallait, mais de la force mentale aussi. Gin, elle n'avait pas été assez forte. Gin, son esprit s'était brisé, là-dessous.

- Tu n'as pas de famille d'ailleurs ?

Sourire amer, caché derrière le sourire fou de son masque. La famille, hein ? C'était un sujet qu'elle évitait d'aborder avec les autres goules, parce que souvent, l'histoire familiale était teintée du rouge sanglant de la mort. Les drames, chez eux, c'était presque monnaie courante. Tués par des colombes, tués par des congénères, tués par la folie, il y avait mille manières de mourir. Sa mère, elle avait été tuée par les colombes avant même que Gin ne soit en âge de le comprendre. Son visage, elle ne s'en souvenait pas, pas même les prémices, pas même des contours flous. De sa mère, il ne lui restait rien. C'était en la personne de son père que résidait son drame familial. Son tortionnaire, celui qui avait fait d'elle une personne forte. Celui qu'elle avait dévoré ensuite, dans un excès de folie dévastatrice. Au final, elle n'avait jamais ressenti un quelconque amour pour cette figure paternelle chaleureuse comme un bloc de glace. Ils n'avaient jamais été une famille. Elle avait été son objet, son défouloir. La marionnette qui lui permettrait d'atteindre un niveau que jamais il n'avait atteint. Un jour, elle l'avait égalé. Surpassé, même. Mais pour son esprit, c'était trop tard, parce que son monde froid avait réduit en miette sa lucidité. L'air désinvolte, elle avait hoché les épaules.

- Non, je n'ai plus personne. Mais ce n'est pas comme si ça m'attristait vraiment. Enfin je veux dire, je n'en ai jamais vraiment eu, alors je n'ai rien à regretter.

Elle aurait pu lui retourner la question, mais la réponse lui semblait évidente, puisqu'il se retrouvait là, comme elle, perdu dans la ville, perdu sous la neige. Sa famille, il ne devait rien en rester. Parce qu'ils étaient morts, parce qu'ils s'étaient perdus de vus, peu importe, au fond, toujours était-il qu'il ne restait au mieux plus que les ruines fumantes d'une famille heureuse.

- Je n'avais encore jamais vu de koukaku avec deux kagunes ainsi. Complémentaires, maniés parfaitement... Même si je ne connais pas cette Reine de Coeur, je ne peux pas l'imaginer comme une simple goule.

Un rire amer, cette fois-ci. Son koukaku si particulier. Elle avait souffert le martyr pour le développer, poussé ses cellules à bout pour les forcer à construire ce kagune en deux partie. Son épée et son bouclier. Défense d'acier, qu'il l'avait forcée à acquérir au prix d'os qui craquent, d'ecchymoses par centaines, de plaies béantes dans son corps et dans son coeur. Torture physique, torture mentale, dont elle tirait maintenant une grande satisfaction, toute la douleur qu'elle avait endurée s'effaçant doucement de son esprit.

- J'imagine que l'entrainement finit toujours par payer. Comme le cannibalisme.

Elle avait aussi cette armure, armure noire qui couvrait chacun de ses membres, la protégeait comme une carapace d'acier. Elle espérait que lorsque, enfin, elle développerait ce kakuja, sa folie se calmerait, s'atténuerait. Elle espérait que Thanatos n'était que la manifestation de sa transformation incomplète, qu'il disparaîtrait enfin sans laisser de traces. Mais il n'en était rien. Il était toujours là, bien implanté dans son esprit comme un parasite. Le cannibalisme lui avait enfin offert ce à quoi elle aspirait, et pourtant, ça n'avait pas été la solution à tous ses problèmes qu'elle avait osé espérer. Gin, elle s'était même demandé si le cannibalisme était vraiment à l'origine de cette démence qui la rongeait depuis si longtemps.
Elle prêtait à peine attention aux passants qui les regardaient, plus effrayés qu'interloqués. Leur état actuel - visage couvert d'un masque, corps couvert de sang - hurlait leur vraie nature. Ils ne pouvaient pas rester là, en pleine lumière. Ils étaient de ces choses qu'il fallait cacher aux yeux du monde.

- Nous devrions accélérer avant que le CCG n'arrive dans les parages. Nous pourrions passer par les sous-terrains ? Tu semblais les connaître en plus de cela et j'imagine mal les Colombes nous y poursuivent sans un plan soigneusement préparé. Ainsi, nous pourrions arriver chez toi sans laisser de piste derrière nous.

Elle déglutit. Redescendre ? Après tant de temps loin de ces ténèbres ? Trop de ses démons rampaient là-dessous. Gin, elle s'était jurer de ne plus jamais, jamais y retourner. Mais aucun autre choix ne s'offrait à eux. Si jamais elle venait à être démasquée, elle serait obligée de retourner vivre dans le vingt-quatrième. Pour toujours. Pour la rouquine, cette escapade en-dessous serait peut-être le moyen d'exorciser ses démons, une promenade cathartique dont elle pourrait ressortir grandie. Même si au final, elle n'espérait plus grand chose au sujet de sa démence, la rouquine, parce que ça faisait trop longtemps qu'elle la traînait derrière elle. Mais elle ne pouvait pas lui dévoiler ses craintes, parce qu'elle ne le connaissait pas, parce qu'elle avait peur qu'il profite de cette faiblesse pour la détruire, parce qu'elle avait peur de ne plus savoir se battre, là-dessous, où régnait l'instinct. Pas le cerveau. Ses pensées, elles se mélangeaient trop, déjà, alors qu'ils n'étaient même pas descendus. Ils n'avaient pas d'autres choix, pour rejoindre le treizième alors que le soleil avait totalement chassé la nuit. Elle devait se calmer. Réfléchir correctement. Ne pas laisser les pensées valser à leur guise dans son esprit fracturé.
Inspire.
Expire.

- Ouais, allons-y. Descendons en enfer.

La détermination farouche qui perçait dans sa voix cachait au final cette insécurité qu'elle ressentait. Elle avait peur. Ce sentiment tellement ridicule qui la prenait aux tripes, elle qui était devenue si puissante pour ne plus jamais avoir à ressentir cette émotion primaire. Animale. Au final la peur, elle était toujours là, insidieuse, tapie dans son esprit.
Gin avait tourné dans une ruelle adjacente, jetant un regard bref au Diable Noir qui marchait à ses côtés, ne rencontrant que la neutralité de son masque. Elle s'arrêta à côté d'une bouche d'égouts, soulevant la plaque métallique à l'odeur de rouille. La gueule béante s'ouvrait sur une obscurité totale qui lui faisait froid dans le dos. D'ici, elle ne pouvait rien entendre d'autre qu'un étouffant silence, pourtant elle savait qu'une fois en bas, celui-ci serait brisé par des hurlements bestiaux ; ces mêmes hurlements qui avaient hantés ses jeunes nuits. Sans se laisser le temps d'hésiter, elle descendit, rapidement enveloppée par la tiédeur moite des sous-terrains. En bas, elle se figea, tendant l'oreille. Il n'y avait rien, ni bruit de pas, ni respiration. Rien qu'elle et ses démons tapis dans le noir. Et ce fut pire encore quand la bouche d'égout fût refermée, les privant de leur maigre source de lumière. Après des mois à la surface, elle l'avait retrouvé, le Styx, antre de Thanatos et de ses cauchemars.

- Ça ne m'avait pas manqué, tout ça. L'odeur, l'humidité, les ténèbres.

Elle essayait d'en rire. Lentement, elle se remit en marche dans les ténèbres, retrouvant ses marques bien trop rapidement à son goût. Elle ne voulait pas descendre trop profondément, si elle pouvait l'éviter, parce qu'elle était déjà dérangée par ce picotement dans la nuque, par ce malaise qui remontait comme un long frisson le long de son échine. Dans son dos, elle sentait les yeux vifs de son père qui la fixaient, réprobateurs. Une illusion, un mirage. Elle devait se calmer. Se raccrocher à la réalité.
Mais le monde souterrain brouillait les frontières bien établies entre la démence et la lucidité.

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Les ténèbres nous recouvrirent en un seul instant lorsque je fermais la plaque d'acier, le son des gouttes d'eaux chutant dans des flaques résonnaient comme le bruit régulier d'une horloge dans un lieu lugubre. Le froid avait laissé place à une humidité étouffante, ni chaude et ni froide qui accentuait ce sentiment d'être dans un autre monde. Décidément, j'étais rapidement redescendu dans les boyaux de Tokyo comme si une fois que nous y avions vécu, rien ne pouvait plus nous en détacher.

"- Ça ne m'avait pas manqué, tout ça. L'odeur, l'humidité, les ténèbres.
-Je n'ai même pas eu le temps de sentir un manque pour ma part."

Je riais doucement en prenant la tête de notre marche dans les sous-terrains de la Ville d'un pas assuré, à vrai dire je m'y sentais plus à l'aise qu'à l’extérieur. Ici, rien ne m'obligeait à me cacher ainsi que ma véritable nature, c'était le Tokyo des Ghouls, un lieu aussi ravagé qu'elles. Nous marchions à présent dans l'eau des égouts qui m'arrivait à peine aux chevilles, nous nous enfoncions de plus en plus.
Impossible de rester trop près de la surface, nous risquions de nous faire repérer et ce n'était pas le plus rapide. Le mieux était de rejoindre les galeries creusées par les Ghouls et de longer vers un autre arrondissement plus lointain.
Nous avancions toujours plus dans les ténèbres, nous ne pouvions presque plus rien à voir à présent, nous ne pouvions que nous repérer aux sons et aux odeurs. Soudainement, les murmures commencèrent à se faire entendre, résonnant contre les parois humides et traversant des kilomètres de dédales jusqu'à nous. Sûrement étaient-ce des cris à la base ? Maintenant ce n'était que des murmures, amoindries par la distance.

"-Le chant de l'enfer."

Je me parlais à moi même à vrai dire, une réflexion à voix haute mais j'avisais une soudaine odeur de Ghoul, de plusieurs Ghouls qu'un courant d'air porta à mon flaire. Plissant les yeux sous mon masque, j'avançais donc plus doucement alors que des cris, cette fois bien audible, résonnèrent et se répercutèrent contre les murs glissants, aiguë et traversant la peau jusqu'aux os. Je tournais mon visage alors pour aviser la Reine de Coeur qui semblait se faire discrète depuis que nous nous enfoncions.

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Gin Nakagawa




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- Je n'ai même pas eu le temps de sentir un manque pour ma part.

Il avait automatiquement pris la tête de la marche, visiblement plus assuré qu'elle dans ce qui était encore son territoire de chasse. Il avançait avec assurance sans même savoir où il allait, au final, puisque Gin n'avait pas pris le temps de lui dire où se trouvait son squat actuel. L'eau clapotait sous leur pied, rythmant leur marche, s'insinuant dans les rangers élimées de la rouquine. Un instant, elle l'avait laissé marcher devant elle, avant d'accélérer pour se remettre à sa hauteur.

- C'est gentil de vouloir nous guider, mais tu sais où se trouve ma planque, peut-être ?

Elle avait ponctué sa phrase d'un léger rire. Ses sourcils s'étaient arqués un instant, interloquée qu'elle était, bien qu'il n'ait pas pu le voir à cause des ténèbres ambiantes, et du masque qui couvrait encore son visage. Au-dessus de leurs têtes, Gin entendant parfois le vacarme d'une voiture qui passait, faisant vibrer le plafond. On aurait dit le grondement d'une bête étrange. Aux yeux de la rouquine, les sous-terrains étaient presque comme un monstre, au final, doté d'une volonté propre. Elle voyait les murs bouger, les ombres se mouvaient autour d'elle, dessinant d'inexistantes silhouettes, celles qui avaient hanté ses cauchemars depuis toujours. Parfois, elle voyait les yeux sévères de son père, les sentait la déshabiller du regard, jugeant son corps malingre aux côtes saillantes.
Je le déçois.
Puis elle se rappelait qu'il était mort, qu'elle avait bouffé sa chair sans même s'en rendre compte, qu'elle avait commis l'irréparable, brisant tous les tabous de l'humanité. Anthropophagie. Parricide. Mais au final, leur existence entière était un tabou, à eux les goules, les cannibales. Ils mangeaient les humains comme s'ils étaient des animaux. Mais ils n'avait rien de comparable avec une pauvre vache. Mais peu importe, eux, les goules, ils les saignaient comme des porcs. Pour la rouquine, tout était une question de conscience. Cette chose que l'humanité égocentrique se vente d'être la seule espèce à posséder, le propre de l'homme qui en fait un animal supérieur.
En rien supérieur.

- Le chant de l'enfer.

Elle releva les yeux vers le Diable Noir. Ou plutôt, où ses sens lui disaient qu'il se trouvait. L'obscurité était totale, avalant la moindre particule de lumière avait qu'elle ne puisse atteindre leurs yeux aveugles. Les murmures des damnés, alors, parvinrent à ses oreilles, ces chuchotis qui couraient sur les parois humides du vingt-quatrième, hurlement étouffés par la distance qui les séparait du lieu du crime. A quelque centimètres de son épaule, elle sentait celle du Diable Noir, et tentait de se raccroche au contact furtif entre leurs vêtements comme à un dernier point d'ancrage à la réalité.

- Beaucoup trop d'âmes damnées errent en ces lieux.

L'odeur d'une de ces pauvres âmes parvint aux narines de Gin. Il l'avait remarqué, lui aussi, parce qu'elle l'avait senti ralentir légèrement, comme s'il se montrait plus prudent alors que la puissance des cris s'amplifiaient à chacun de leur pas. Gin, elle aurait voulu faire demi-tour, s'éloigner de la source des hurlements pour ne pas avoir à rencontrer le tortionnaire, celui qui était à l'origine de cette douleur. Et surtout, elle ne voulait pas entendre les cris de la victime mourir sur ses lèvres, elle ne voulait pas entendre son dernier souffle qui indiquerait qu'il était passé de l'autre côté. Elle ne voulait pas rencontrer tous ces mauvais souvenirs, réminiscences du passé enterré, qu'elle pensait cachées pour toujours. Elle aurait préféré ne pas avoir à se battre, pourtant cela semblait inévitable dans un tel lieu, et surtout à mesure qu'ils s'enfonçaient. A mesure qu'ils avançaient, les vibrations des véhicules s'atténuaient, prouvant qu'ils descendaient toujours plus profondément dans les méandres de Tokyo. Elle osait pourtant espérer qu'avec cette force qu'elle avait acquise, après toutes ces années de torture, elle pourrait tenir tête sans s'épuiser aux goules qu'ils rencontreraient ici.
Mais elle était tellement, tellement lasse.

- On ne peut pas les contourner ? lâcha-t-elle avec nonchalance. A moins que tu n'ais terriblement envie de te battre.

Elle apparaissait détachée, plus qu'elle ne l'était vraiment. Gin, elle aurait voulu se battre en temps normal, détruire d'autres goules, les dévorer, devenir plus puissante encore. Mais elle était tellement, tellement fatiguée. Son repas achevé à l'aube lui coupait toute envie de manger à nouveau, et la rationalité qui menait pour l'instant dans son esprit lui intimait de ne pas chercher le conflit. Pour le moment.
Et surtout, elle avait tellement peur de glisser, sombrer dans la folie, dans ce lieu si particulier, si pour un instant seulement, elle osait se laisser aller.

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- On ne peut pas les contourner ? lâcha-t-elle avec nonchalance. A moins que tu n'ais terriblement envie de te battre."

J'haussais un sourcil sous mon masque à sa question que je trouvais étrange à un moment pareil. Les contourner ? Le chemin était pourtant par là et je me voyais mal faire un détour pour quelques ghouls de bas niveaux. Surtout que je ne doutais pas un instant de la force de la Reine de Cœur et de ses talents pour massacrer les autres. Depuis que nous étions entrés en ces lieux sombres, je la sentais moins en confiance qu'auparavant, elle s'effaçait presque dans les ténèbres des abysses que nous parcourions. Avait-elle peur ?
Un cris strident se répercuta contre les parois jusqu'à nous puis le silence se fit à la fin de celui-ci. Seul le son des gouttes se faisaient entendre, comme si elles n'étaient pas que de l'eau mais que les murs étaient imbibées eux même de sang des centaines de victimes des sous-sols. Si elle ne se sentait pas à l'aise, nous devrions contourner mais je voulais m'amusais...Avec elle.

"-Contourner ? Voyons, on ne va pas perdre de temps pour quelques Ghouls faiblardes, non ? Et oui, j'ai envie de me battre, ça ne m'a pas suffi en haut."

Elle m'avait indiqué la direction lorsque j'avais pris les devants tout à l'heure mais si elle ne voulait plus avancer alors j'ouvrirais la marche à nouveau. L'odeur du sang envahit les galeries ainsi que la puanteur de la mort, des cris résonnaient à nouveau, plus lointain et parfois plus proches encore. Au bout de notre chemin brillait une lumière vive ou était-ce le fait de nous être habitué au noir complet ? Aucune ombre contre le mur, je me préparais au pire.

Clack.

Le sol s'ouvre sous nos pieds, j'écarquille les yeux en réagissant rapidement, mon kagune se déploie vers le mur pour s'y accrocher mais une substance gluante m’empêche de tenir, nous chutons alors vers le sol à plusieurs mètres en bas vers un sol de pierre plongé dans les ténèbres. Impossible de remonter alors j'enroule mon kagune autour des hanches de la Reine en la tirant vers moi, je la prend entre les bras en tournant mon dos vers la fin du vide.
Nous nous écrasons violemment sur le sol, mon dos semble se briser en pleins de morceaux comme si j'étais en porcelaine et je crache du sang suite à l'implosion de certains organes. Mon kagune se dissout en lâchant la Reine alors que des dizaines de projecteurs s'allument sur nous sans crier garde sous un tonnerre d'applaudissement.
Plusieurs dizaines de Ghouls sont réunis à l'étage supérieur qui encercle une sorte d'arène, des étendards écarlates pendent du plafond alors que nos semblables portent tous des masques en forme de crâne et des vêtements digne de véritable pirate tout droit sorti d'un film occidental.

"-BIENVENUE DANS L'ANTRE DU KRAKEN !"

Une Ghoul se démarque des autres, elle porte un masque en or semble t-il qui lui cache un oeil, n'en laissant qu'un de libre qui luis de sa lueur cramoisie. Une longue capuche est glissé sur sa tête, se terminant par une pointe en bas de son dos alors que des bandages s'enroulent autour de ses avants bras jusqu'à disparaître dans d'épais gants en cuirs digne d'un corsaire.
Je serrais ma main alors que mes organes s'étaient régénérés, me redressant en grognant en observant la scène. Je ne les pensais pas aussi près, ceux-là. J'avais eu plusieurs ennuis avec les membres de cette organisation du 24ème, des Ghouls qui aimaient piéger les infortunés visiteurs des sous-sols. Leur Chef était nommé Barbe-Noir, sûrement une référence à leurs costumes.
Les premières Ghouls se jetèrent dans l'arène en faisant jaillir leurs kagunes, cinqs d'entre elles se tenaient autour de nous dont deux ailées, deux écailleuses et une à queue. Ils ricanèrent légèrement puis bondirent vers nous.

"-QUE LA PARTIE COMMENCE !"

Le rideau se levait donc.  

"-Merde."
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Gin Nakagawa




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douce matinée

Enfin, le silence se fit, pourtant Gin n'aurait su dire si c'était véritablement un soulagement. Là-bas, la goule avait rendu son dernier soupir, laissant la vie quitter son corps après de longues minutes - heures ? - de torture. Elle ne se souvenait plus vraiment du moment où les cris avaient débutés, ni même depuis combien de temps ils avançaient dans l'obscurité, s'enfonçant toujours plus dans les entrailles du monstre qu'étais le vingt-quatrième. L'atmosphère trop particulière du lieu déréglait toute sa notion du temps, si bien qu'elle n'était pas capable de dire depuis combien de temps ils étaient là. Quelques secondes, minutes, heures. Un temps qui lui semblait une éternité et un instant à la fois. Elle ne prêtait plus attention qu'au cliquetis régulier des gouttes d'eau qui chutaient du plafond pour s'écraser dans la nappe aqueuse sous leurs pieds. De l'eau, ou du sang, peut-être, qui suintaient des parois. Elle était totalement désorientée.

- Contourner ? Voyons, on ne va pas perdre de temps pour quelques goules faiblardes, non ? Et oui, j'ai envie de me battre, ça ne m'a pas suffi en haut.

Son soupir avait résonné dans les ténèbres, écho se répercutant presque au loin, amplifié par les murs de pierre qui les entouraient. Alors que Gin hésitait, il avait de nouveau pris la tête, visiblement déterminé à ne pas changer de trajet. Pourtant, la rouquine n'avait aucune envie de rencontrer la goule tapie au bout du tunnel, aussi faible qu'elle puisse être. Elle n'avait pas envie d'être tuée, certainement, mais elle n'avait surtout pas envie de tuer, et de manger encore moins. L'odeur ferreuse du sang gangrenait l'air, lui faisait tourner la tête. A moins que ce ne soit les cris qui résonnaient, se répondaient, si loin et si proches à la fois, nulle part et partout en même temps, se faisant écho dans un brouhaha ambiant et incertain.

- Génial.

Le sol s'était dérobé sous leurs pieds, étouffant son cynisme. Gin a à peine le temps de comprendre ce qu'il leur arrive, se préparant à déployer son armure noire pour amortir la chute qui serait rude, qu'il l'avait encerclée par la taille, la rapprochant de lui. Le brusque contact avec ses écailles l'angoissa presque plus que la chute en elle-même, insidieux serpent contre sa peau claire. Il offrait son dos au vide, amortissant la chute de la rouquine. Dans le bruit indistinct, elle entendit nettement le dos du Diable Noir s'éclater contre le sol de béton, ses os se brisant en mille morceaux comme s'il était aussi fragile que du verre. Gin, elle avait entendu son propre bras se casser, mais ses cellules s'affairaient déjà pour réparer l'os sectionné. Parce qu'il l'avait protégée, la chute n'avait pas été bien rude pour elle, alors elle se releva brusquement, sur ses gardes, dès que le kagune écailleux l'avait libérée. C'était encore confus dans son esprit, parce qu'elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il l'avait protégée à ses dépends, alors elle se contenta de le remercier du bout des lèvres, tentant de distinguer dans la pénombre où ils étaient tombés.
La lumière vive les projecteurs lui brûla presque la rétines après les longues minutes passées à marcher dans le noir total auquel ses yeux s'étaient acclimaté. Ils étaient dans une espèce d'arène, lieu que Gin identifiait comme le théâtre de nombreux combats de goule. Combats, ou exécutions publiques. Et elle l'écoutait brailler sans comprendre ce qu'il disait, absorbée par le sang séché qui maculait le sol, les hauts murs de béton, les dizaines de goules sur-excitées qui piaillaient comme des moineaux impatients. Et elle détaillait tout ça, Gin, avec un profond mépris dans le regard, couplé avec un désespoir certain. Elle commençait presque à regretter de ne pas avoir fui, quand il l'avait menacée. Ainsi, elle serait rentrée chez elle, sans avoir à se battre une première fois, assister à une exécution d'humain, redescendre en enfer, rencontrer ces animaux. Le Diable Noir semblait apporter avec lui son lot de malchance.
Il avait d'ailleurs l'air de s'être déjà régénéré malgré la gravité de ses blessures, prouvant une nouvelle fois sa puissance exceptionnelle. Les écailleuses avaient une régénération rapide et performante, mais il les supplantait sans le moindre doute.

- Merde.

Elle se concentra sur les goules qui bondissaient sur eux. Ne pas laisser son esprit vagabonder. Se focaliser sur le combat. Rester lucide.
Deux ailées, deux écailleuses, une à queue. Elle s'occuperait des ailées, parce qu'elle était certaine de supplanter sans mal des anges de leur niveau, avec son armure noire. Gin déploya son kagune d'onyx, enveloppant son bras droit de l'épée de cellule sombres. Encore un combat, encore, encore, encore. Encore du gâchis, parce qu'elle n'avait même pas faim. Tant de chair laissée aux charognards. Mais elle ne pouvait pas laisser Thanatos gagner une fois encore, alors elle devait se maîtriser, toujours. Ne pas se noyer dans les eaux noires de la folie, ne pas laisser la démence prendre le pas sur sa lucidité chancelante.

- Toi qui avais envie de te battre, fais-toi plaisir.

De son kagune, elle transperça la première ailée, crevant sa cage thoracique dans un geste net et rapide. Elle dégagea son épée du corps brisé, et, pour faire bonne mesure, coupa sa tête qu'elle envoya valser d'un coup de pied. Ne pas changer ses bonnes habitudes. Se raccrocher à des schémas récurrents. Elle offrit un regard au Diable Noir, pour voir si les blessures dues à la chute étaient entièrement refermées. Parce qu'il l'avait protégée à ce moment là, elle daignerait se battre à ses côtés en faisant plus d'efforts que lors de leur combat précédent. Elle n'aimait pas avoir de dettes, Gin.

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Ishi Mikami




Ishi Mikami
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Plissant mes yeux, je n'eu pas le temps d'observer mon alliée débuter son combat contre les deux ailées que trois autres filèrent vers moi dans un enchaînement maîtrisé, ils avaient l'habitude de combattre ensemble, cela ne faisait aucun doute. Déployant mon kagune entièrement, mes membres d'araignées sifflèrent en repoussant les premières salves des écailleuses qui ne possédaient que deux membres en formes de pointes, comme les queues d'un serpent.
L'ennui vînt cependant du troisième adversaire qui était le némésis des miens, une bikaku qui déploya une queue à l'image de celle d'une requin à première vue et frappa vers moi en bondissant dans les airs. Je repliais au-dessus de ma tête mes deux membres libres encore mais ils plièrent sous la puissance de la Ghoul qui me propulsa en arrière. Mon corps roulait sur le sol sans aucune résistance, les pierres me déchirant la peau alors que mon masque glissait plus loin.

"-Putain..."

Je n'avais même pas le temps de me reprendre que les deux écailleuses parvenaient jusqu'à moi en cherchant à me transpercer le dos, heureusement j'étais rapide et je réussissais à rouler pour éviter l'attaque avant de planter mon kagune dans le sol pour me balancer en l'air. Puis j'écarquillais les yeux lorsque le masque en forme de crâne de la Ghoul à queue m'apparut en face avant que son kagune m'ouvre le torse dans un panache de sang.
Je chutais de nouveau dans l'arène en crachant du sang, ma cage thoracique était ouverte à présent et débutait sa régénération mais je ne pouvais plus bouger. Mes yeux fixaient les intenses lumières des projecteurs alors que les rugissements et rires des spectateurs me parvenaient.

"-NOUS AVONS UNE BLINDÉE RARE ET FORTES ! N'AVEZ VOUS PAS HATE DE LA DÉVORER MES AMIS ? NOTRE AUTRE INVITE SEMBLE QUANT A LUI PRÊT A POINT !"

Dans un craquement douloureux, ma blessure se refermait enfin alors que je me relevais à bout de force, mes adversaires chargeant vers moi en hurlant de rire. A ma droite et à ma gauche, les écailleuses déployaient leur pointe pour me déchiqueter tandis qu'en face chargeait celle à Queue prêt à me transpercer pour de bon. Je ne pourrais pas éviter les trois attaques.
Déployant mon kagune, je l'enroulais autour des deux écailleuses dans un éclair cramoisie en plaçant mes bras en croix pour éviter la fin avec l'assaut de celle à Queue. Hors, elle décida de changer de stratégie alors que je voyais son kagune aux lueurs violettes filaient vers mon visage.
Tout devînt noir lorsque mon corps s'envola de nouveau dans les airs, le crâne enfoncés et brisés par le coup surpuissant avant de retomber mollement sur le sol. Pendant l'espace de quelques instants, j'étais mort. Mon corps réagissait cependant de lui même lorsque mon kakuja s'éveilla pour creuser dans mes chairs, recouvrant mon dos jusqu'à mon crâne qui se reconstituait dans des craquement écœurant.

"-J'ai...mal..."

J'étais à peine conscient à présent, je n'étais que des bribes de ce que j'étais alors que mon cerveau se régénérait en évacuant l’hémorragie interne qui étouffait mes souvenirs. Mon corps se releva étrangement, comme un pantin dont il manquait des fils alors que mes adversaires reculés, surpris. Ils avaient commencé à me dévorer le ventre, mes organes presque à vif.
Mon corps se crispa alors que je poussais un cris de douleur, les deux dernières branches de mon kagune s'extirpant de mon dos pour monter le nombre de bukaku à huit. Mon visage était recouvert d'une couche de RC qui créaient six yeux aux lueurs cramoisies alors que mes branches de kagune étaient recouvertes d'un exosquelette de RC, la ressemblance avec une araignée n'était plus cachée. Ma conscience me revînt comme dans un éclair aveuglant.

"-Vous savez la différence entre vous et moi ? C'est que moi, j'ai mangé bien plus que vous."

Bondissant, ma première cible était celle à queue qui m'avait mi dans ce pétrin, cette salope m'avait réellement énervé au plus haut point alors que ma vitesse avait facilement triplé à présent. Dans un même mouvement, mon kagune s'enfonça dans le ventre de la Ghoul avant que je ne l'écarte à l'intérieur, la tranchant en deux dans un feu d'artifice de sang et de tripe sous les cris de la foule.
Son sang ruissela dans ma bouche alors que je léchais mes lèvres, délicieux. J'avais dépensé plus de cellule RC que je ne le pensais, il me faudrait de nombreuses ghouls pour me régénérer entièrement...D'ailleurs, nos hôtes comprirent que nous deux, nous n'étions pas de faibles proies et leur Chef décida de changer de stratégie, l'amusement prenait fin, des dizaines de ghouls chutèrent dans l'arène pour en finir avec nous.
La situation devenait de plus en plus critique alors que j'avisais la Reine de Coeur qui était mon principal jouet dans ce lieu, je voulais voir jusqu'où elle pouvait aller, voir sa folie éclater, m'amuser de celle-ci.
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